
Soucieux du bien-être des femmes, délaissées par des maris trop occupés par leur métier ou leur marotte, un vétérinaire lance un nouveau service d’utilité publique qu’il veut faire rembourser par la sécurité sociale. Fournir à ces dames des étalons, bien dotés et d’une irréprochable moralité, afin de stopper les ravages du délaissement amoureux. Mais les maris paniqués sont loin de soutenir son projet. Comme l’annonce le vétérinaire à ses clientes insatisfaites : « La lutte sera longue et dure. »
Après avoir brocardé les bigots dans Un drôle de paroissien, dénoncé le carcan du mariage dans Les compagnons de la marguerite et les méfaits de la télévision dans La grande lessive (!), Jean-Pierre Mocky lance un nouvel illuminé philanthrope dans une croisade contre un autre grand sujet de société de la fin des années 60 : la frustration sexuelle des femmes au foyer.
Sans se laisser démonter par son sujet un peu rentre-dedans, le cinéaste iconoclaste compose une farce qui flirte avec le graveleux sans jamais tomber dedans. Militant pour une version masculine de la maison close, il se moque des maris jaloux et possessifs tout en égratignant, comme à son habitude, les hommes de pouvoir : du policier aux hommes politiques en passant par un inspecteur des impôts. Mais, cette fois, la démonstration tourne court à cause d’un scénario très mince qui peine à dépasser son postulat de départ et convainc peu dans son final à l’assemblée nationale. Et ne parlons pas du montage foutraque…

Autant de défauts qui ne vont faire que s’amplifier dans la filmographie du cinéaste qui peut encore compter sur une bande de comédiens solides et sévèrement burnés pour faire illusion auprès des spectateurs. Bourvil, en élégant vétérinaire excentrique au crâne complètement chauve, semble prendre plaisir à casser son image de gentil benêt dans ce qui sera l’un de ses derniers rôles. Tandis que Francis Blanche nous gratifie d’un nouveau numéro bien allumé, acceptant encore une fois de se travestir en femme en compagnie de Michael Lonsdale.

Pourtant, c’est la composition du fidèle Jean-Claude Rémoleux qui reste, de loin, la plus amusante. Il faut dire qu’il est plus vrai que nature en député silencieux et béni-oui-oui, amateur d’onomatopées.
Si L’étalon ne peut être considéré comme un mètre étalon de la comédie, ni comme une référence incontournable dans la filmographie de Mocky, il a au moins le mérite de ne pas laisser indifférent grâce à sa plaisante liberté de ton et à ses nombreuses saillies… drôlatiques.
La belle équipe de « la Grande Lessive » ! Jamais vu celui-ci, mais pourquoi pas.
A tenter… Un soir où tu seras bien disposé. 😀
Bien que foutraque en effet, c’est une belle bête que cet Etalon. Avec un Bourvil qui luttait contre le cancer.
Le film vaut le coup… d’œil, en tous cas. 😀