Dépités de voir des classes entières dormir en cours pour avoir trop regardé la télévision, un professeur de lettres et son collègue, professeur de gym, entreprennent de saboter les antennes sur les toits des immeubles de leurs élèves. Mais la brigade radiophonique veille…

Sorti après Les compagnons de la marguerite qui évoquait déjà les méfaits de la télévision dans la vie de couple, La grande lessive (!) voit plus grand et dénonce, avec une certaine clairvoyance, l’abrutissement et la manipulation de la population par l’image. Sauf que Mocky pense surtout aux adultes quand il s’attaque aux drogués de la télé, imaginant naïvement les enfants comme les victimes de parents voulant avoir la paix. L’avenir prouvera qu’ils sont aussi le cœur de cible de patrons de chaînes sans scrupule, à l’image du cynique Lavalette qu’incarne parfaitement Jean Poiret et son fameux : « Quel con, celui-là !».
Pour sa troisième collaboration avec le cinéaste, après Un drôle de paroissien et La cité de l’indicible peur, Bourvil s’en donne à cœur joie en professeur de lettres guindé qui veut tout faire péter. Moins subtil dans sa dénonciation que Les compagnons de la marguerite, le film s’articule surtout autour d’une longue course poursuite entre la joyeuse bande de saboteurs (composé de Roland Dubillard, Jean Tissier et de l’impayable Francis Blanche qui nous gratifie, cette fois, d’un grand numéro de dentiste libidineux) et la brigade chargée de les arrêter qui est quasiment identique à celle du film précédent puisqu’on y retrouve R.J. Chauffard, Marcel Pérès et Jean-Claude Rémoleux.

À noter également les performances comiques de Michael Lonsdale, parfait en gentleman alcoolique, et d’Alix Mahieux, dans le rôle de sa femme, épatante avec son phrasé de grande bourgeoise outrée.
Bref, cette Grande lessive (!) déménage, à défaut de vraiment faire le ménage, dans sa dénonciation un peu foutraque de l’enfermement et du repli sur soi qu’impose insidieusement la télé. Emballé par l’entraînante musique de François de Roubaix, le film se laisse suivre jusqu’au bout grâce à la qualité de son interprétation même s’il signe, sans doute, la fin d’une florissante période pour son cinéaste.