Après son décès, un homme revient, sous un drap blanc, hanter sa maison afin de rester auprès de sa femme.
Mais le temps n’a plus de prise sur lui…
La branlette cinématographique et intellectuelle de cette fin d’année 2017 se fera donc à l’aide d’un grand mouchoir blanc. L’amusant postulat de départ aurait pu déboucher sur un bon court métrage tant le scénario tient sur un mouchoir en papier, mais David Lowery se croit obligé d’étirer inconsidérément chacun de ses plans pour mieux faire ressentir le poids du temps qui passe. Faire partager physiquement l’ennui du personnage aux spectateurs serait donc un gage de qualité cinématographique ? Une démarche poétique ?
La poésie a bon dos. D’autant que lorsque le cinéaste tente de poser des mots sur la trace que tout un chacun laisse dans l’existence, il ne parvient à le faire qu’en des termes pompeux au cours d’un (très) long monologue – aussi abscons qu’une brève de comptoir – convoquant Dieu, les plaques tectoniques, la fin du monde, Beethoven, la neuvième symphonie et les méfaits de la bière en fin de soirée.
Dans la course aux Oscars, Rooney Mara et Casey Affleck ne devraient pas faire que des apparitions tant ils semblent en bonne place pour remporter la compétition.
La première pour avoir figuré dans le plan séquence le plus « tarte » de l’histoire du cinéma.
Le second pour être parvenu à livrer une prestation encore plus ectoplasmique que celle que nous inflige régulièrement son frère Ben.
Un conseil ?
Si vous voyez une porte avec de la lumière pendant la projection de A Ghost Story : prenez la ! C’est celle de la sortie de secours de la salle de cinéma et, peut-être, le salut de votre âme de cinéphile.
Le coup du drap est vraiment ridicule, on se demande parfois si certains réalisateurs demandent parfois des avis autour d’eux…
L’idée aurait pu être amusante, comme je le dis, sur la longueur d’un court métrage. Mais là…
Reste calme et reprends-toi une part de tarte… ou pas. 😉
Ah la la, je ne suis pas du tout d’accord, mais c’est bien de lire des avis différents du sien. 🙂 Comme pour chacun d’entre eux, on a tous notre approche du film, je ne sais pas si c’est une question d’exigence, d’attente, d’envie, ou de culture ciné en général, ou un mélange de tout ça. Toujours est-il que pour ma part j’ai pris une belle claque, j’ai justement aimé sa démarche, son déroulé et son esthétique. Je n’avais vu aucune bande-annonce, je suis allé le voir car les circonstances le permettaient, et que de bons avis avaient été émis à son sujet, et j’ai passé un très bon moment, il m’a vraiment fait quelque chose et ce n’est pas souvent le cas donc je reste sur cette bonne note. 😉
A GHOST STORY est un des meilleurs films de l’année, une petite merveille, absolument terrassant !
Ce genre de commentaires suspects de soutien collés sur les bandes annonces ou les affiches m’insupporte.
RTL, TELERAMA, CINAMATEASER se sont-ils gouré de salle ou Marcorèle était-il d’une humeur inadaptée pour apprécier A GHOST STORY ?
Il faut bien convenir que notre humeur est un facteur déterminant de notre perception d’un film difficile, profond ou simplement triste.
En avons-nous conscience ?
Sommes nous capable d’évaluer l’adéquation de notre humeur avec le film visé avant d’aller voir ce film particulier au cinéma ?
Est-il donc possible de s’engager à aller voir tel type de film plus de deux heures avant d’aller de voir, sans risque de s’asseoir avec une nouvelle humeur moins favorable ?
Peut-on catégoriser les types de films et les humeurs pour établir une correspondance à proposer à une majorité de cinéphiles ?
Doit-on se dire que souvent, si on n’a pas apprécié un film, c’est plus dû à notre humeur qu’à ses qualités intrinsèques ?
Peut-on aller voir un film grave avec une bande de joyeux potes ? Peut-on apprécier une bonne comédie un jour funeste ?
Marcorèle est-il trop bon vivant aujourd’hui pour supporter encore les films qu’il aurait peut-être jugé avec plus d’intérêt et de sollicitude sur la forme il y a sept ans, année de sa naissance numérique ? A l’époque de la distraction et du ludique rois, est-il encore possible pour un film qui évoque la mort, le deuil ou le manque de trouver un public au-dessous de soixante ans ?
A GHOST STORY est-il vraiment nul ou ne sommes-nous plus disposés à le supporter dans ce format de long métrage ?
Au-delà, sommes nous encore capables d’être dans nos vies, parfois tristes sans être déprimés et gais un instant plus tard sans être traités de lunatiques ? Sommes nous capables d’être sérieux sans être dénoncés comme chiants et léger un instant plus tard sans laisser nos interlocuteurs pantois ?
Sans décliner toutes les oppositions possibles, et sans référence au Enmêmetemptisme à la mode, je pense que nous pouvons supporter encore la complexité et la dichotomie sans suspicion de dépression ou procès d’intellectualisme.
Je revendique le droit d’aimer autant LES VISITEURS dont je n’ai jamais cherché à connaître le nom du réalisateur, et les films de GODARD que je n’ai même pas tous vus mais bénéficient tous chez moi d’une caution favorable a priori. Que presque tout le monde les juge a priori chiants n’ébranle aucunement ma conviction car c’est affaire de goût personnel, comme celui d’une épice devenue bien rare même si j’apprécie les bonnes frites lambda
A GHOST STORY ne me fait donc pas peur, et si je ne vais pas le voir au ciné, je tenterai volontiers de le découvrir plus tard, sans subir l’environnement pour le coup désespérant d’une salle de cinéma quasiment vide …
C’est Jean-Marie Poiré, le réalisateur des VISITEURS, POULAIN !
Bon, faut bien avouer qu’il n’était pas spécialisé dans le film d’auteur ; alors, on peut avoir oublié son nom, même si c’est pas très sympa pour lui …
Je suis partagée sur ce film (et je vois que tu le casses en beauté). Je n’ai rien contre certaines longueurs, ça fonctionne sur cette scène (et je trouve justement la scène de la tarte réussie et extrêmement bouleversante), mais ça fonctionne moins sur d’autres chiantes à mourir (le discours du gars bourré, au secours). Je suis partagée aussi sur les choix esthétiques, certains fonctionnent, d’autres me semblent gratuits.
Pas vu ce film qui a reçu des réactions contrastées. En tout cas, il ne laisse pas indifférent, dans un sens comme dans l’autre, comme le montre ta critique rentre-dedans, ce qui me donne du coup envie de le voir, à mes risques et périls sans doute !
Une critique contre productive, alors. 😉
Ca dépend des points de vue. 😀