
Brillant restaurateur de manuscrits anciens à la Bibliothèque nationale, Matouzec est malheureux en mariage. Pour changer de femme sans passer par un coûteux divorce, il décide de falsifier les documents d’état civil de son couple après avoir passé une petite annonce afin que chacun trouve chaussure à son pied.
Séduits par la modernité de ses idées, nombre de couples malheureux le rejoignent pour fonder une société secrète : Les compagnons de la marguerite. Mais c’est sans compter sur l’acharnement de la Brigade des Us et Coutumes à pincer le faussaire.
Après l’excellent Un drôle de paroissien et le remarquable La cité de l’indicible peur, tous tournés dans les fastes années 60, Jean-Pierre Mocky signe avec Les compagnons de la marguerite l’un de ses meilleurs films. Avec cette histoire de sympathiques faussaires qui œuvrent pour le bien public et la paix des ménages, il s’en prend au carcan du mariage, et au petit commerce du divorce qui en découle, au travers d’une farce enlevée qui revendique, sans grivoiserie, le droit à l’amour libre. Privilégiant la fantaisie au cynisme, le cinéaste a le bon goût de brocarder les institutions administratives et policières en s’amusant à les travestir. Sous la plume de ce coquin de Matou, les papiers d’état civil sont contrefaits en de faux documents plus vrais que nature. Quant aux policiers, ils n’ont pas d’autres choix que de se déguiser s’ils veulent arrêter le faussaire en flagrant délit.
Portées par d’excellents dialogues, les situations décalées s’enchaînent avec bonheur en suivant leur propre logique. Les policiers butent sans scrupule les pigeons qui passent à portée de leurs fenêtres et les font rôtir dans des casiers de bureau afin d’obéir aux ordres du Préfet qui veut faire disparaître les volatiles par mesure prophylactique.

Dans le rôle principal, Claude Rich est parfait en candide révolutionnaire, bien épaulé par les chers acteurs à trognes du cinéaste que l’on retrouvait alors dans chacun de ses films. De Marcel Pérès à Jean-Claude Rémoleux en passant par Roland Dubillard, Michael Lonsdale et Michel Serrault.
Pourtant, cette fois, c’est surtout la performance du fidèle Francis Blanche qui épate et réjouit. Avec son inspecteur Leloup, qui hurle à la mort à la moindre contrariété, il trouve enfin un rôle à sa démesure, loin des personnages de faire-valoir qu’on lui attribuait généralement. Déguisé en préfet ou en jeune mariée, il vole littéralement la vedette à tous ses partenaires dès qu’il apparaît à l’écran et apporte le grain de folie bienvenue à cette comédie gentiment amorale qui annonçait, mine de rien, les remous de mai 68. Et comme rien ne se perd chez Mocky, la fascination pour la télévision de la première femme de Matouzec (interprété par la future madame Rich à la ville) a sans doute inspiré au cinéaste le sujet de son film suivant : La grande lessive (!)
Emballée par la joyeuse et entêtante ritournelle composée par Gérard Calvi, ces Compagnons de la marguerite restent toujours aussi vivaces et, malgré les années, sont bien loin de se faner.
Il faut que je le vois.
On en parle régulièrement, mais on ne le voit jamais !
Merci pour le rappel !
Ah oui, Poulain. Si tu dois n’en voir qu’un… 😉
Quelle distribution ! Un bon moment assuré !
Je me le note 🙂
Si tu dois n’en voir qu’un. 😉