
Léon, timide petit fonctionnaire qui subit les brimades de ses chefs et de sa famille, découvre un beau matin qu’il a le don de traverser les murs. Ne sachant que faire d’un tel pouvoir, il commence par donner une leçon à ceux qui le persécutent puis s’amuse à visiter des palaces. C’est là où il va croiser le chemin de Susan, une belle jeune femme qui cache un secret peu recommandable. Les nouveaux talents de Léon ne seront pas de trop pour la remettre dans le droit chemin.
Sans doute pour coller au personnage de gentil benêt qu’on donnait à Bourvil au début de sa carrière (Miquette et sa mère, Le Rosier de madame Husson) la nouvelle de Marcel Aymée se transforme, sous la houlette de Jean Boyer, en une farce sympathique destinée à mettre en valeur les talents comiques de l’acteur. Bourvil croise ici pour la première fois la route de Gérard Oury, alors comédien, qui lui offrira par la suite trois de ses plus grands rôles au cinéma mais aussi celle d’un tout jeune Maurice Biraud faisant de la figuration dans le rôle d’un des collègues de Léon.
Après un démarrage un peu mollasson qui fait craindre le pire, le film gagne rapidement en humour dès que le petit fonctionnaire commence à exploiter pleinement ses nouveaux pouvoirs. Il faut dire que Michel Audiard, dialoguiste débutant, montre déjà un réel savoir-faire pour ce qui est d’orchestrer des répliques qui brocardent, tout en finesse, l’administration et le système pénitentiaire. Alors même si la mise en scène de Jean Boyer s’avère un peu académique, elle peut s’enorgueillir de surprenants hommages, que ce soit au Troisième homme de Carol Reed (1949) ou aux Vampires de Louis Feuillade (1915) avec sa voleuse toute vêtue de noire qui ressemble beaucoup à la Irma Vep interprétée par Musidora.

L’autre bonne surprise du film réside dans des trucages plutôt bluffants (rudimentaires, certes, mais qui font toujours leur petit effet) qui parviennent à rendre crédible cette histoire de passe-muraille. Trucages auxquels s’ajoutent tout une réflexion poétique autour de l’utilisation de l’obscurité et du hors-champ qui convient parfaitement au sujet et offre la possibilité de suggérer plutôt que de montrer, l’imagination du spectateur restant le plus efficace des effets spéciaux.
Finalement, Marvel et les X-Men n’ont rien inventé et le premier mutant de cinéma pourrait bien être un passe-muraille français. Un super-héros ordinaire, un « petit fonctionnaire qui a su apporter un peu de poésie dans une époque qui n’en a plus. » Pari réussi.
Un hommage au « troisième homme »? Intéressant. Je n’en ai pas le souvenir.
En tout cas, un film qui m’avait bien plu quand je l’ai vu il y a fort longtemps.
Petit hommage musical. 😉
D’accord 😀
ça a l’air très sympathique, je note 🙂
Je pense l’avoir une seule fois. Et j’en ai un souvenir ému d’un héros facétieux
Oui, les effets spéciaux étaient rudimentaires, mais l’imagination de chacun complétait largement l’insuffisance ! Ca le faisait, même si on ne disait pas non plus comme ça à l’époque !