Une secrétaire vole une grosse somme d’argent que lui a confié son patron et file retrouver son amant. Mais le voyage est long et stressant. La pluie et la fatigue stoppent sa fuite en avant et la poussent à trouver un refuge pour la nuit. C’est alors qu’elle aperçoit une enseigne lumineuse au bord de la route, celle du Bates Motel.

On a déjà tout dit et écrit sur ce classique d’Alfred Hitchcock.
Sur la force de son intrigue manipulatrice qui, d’une intrigue policière, vire sans prévenir au cauchemar horrifique.
Sur son fameux coup de théâtre à la moitié du film.
Sur les différents niveaux de transfert des personnages, qu’ils soient scénaristiques (la figure principale devient secondaire et inversement) ou psychanalytiques.
Sur le côté novateur du film, préfigurant les slashers des années 70.
Sur la puissance de la mise en scène qui, s’aidant du hors-champ, fait voir aux spectateurs des choses qui ne sont pas à l’écran.
Sur le noir et blanc somptueux destiné à accentuer la noirceur de l’histoire tout en atténuant la violence graphique et les aspects gore du récit.
Sur l’inquiétante maison au sommet de la colline, véritable personnage à part entière.
Sur la verticalité du sublime générique créé par Saul Bass.
Et, bien entendu, sur la magnifique et stridente partition composée pour l’occasion par Bernard Herrmann.

Mais si le film fascine toujours autant c’est aussi grâce à la performance de deux grands acteurs qui se partagent littéralement le film et dont l’importance des rôles s’inverse, à mi-parcours, après une scène commune en forme de passage de relais. Janet Leigh (actrice confirmée dans son dernier grand rôle) et Anthony Perkins (acteur débutant dans son premier grand rôle) composent intelligemment les deux faces d’une même pièce. Revoir leurs jeux de visage incarner en silence, mais de manière si expressive, les pensées et les sentiments qui les habitent est un réel tour de force. Aussi impressionnant que la mise en scène au cordeau (j’allais dire au couteau) du grand maître du suspense qui signait là l’un de ses derniers grands films.