La trouille est une tradition bien ancrée chez les Belhomme et Martin a hérité de cette malédiction, comme son père et son grand-père avant lui. Marié contre son gré, musicien contrarié et pharmacien blasé, c’est avec la peur au ventre qu’il traverse les évènements de mai 68. Mais sa rencontre avec Eva, jolie chanteuse blonde, lui fait entrevoir un nouveau départ. Va-t-il réussir à surmonter ses peurs pour, enfin, trouver le bonheur ?

Courage, fuyons marque la fin des grandes comédies d’Yves Robert. Le cinéaste tente ici de retrouver les ingrédients du succès d’Un éléphant ça trompe énormément en faisant de nouveau appel à Jean-Loup Dabadie au scénario ainsi qu’à Jean Rochefort, et sa fameuse voix off, pour le rôle principal.
S’appuyant sur une phrase de Jules Renard mise en exergue du film : « N’écoutant que son courage, qui ne lui disait rien, il se garda d’intervenir. », le scénariste concocte une série de saynètes humoristiques autour du thème de la peur avec pour fil rouge le personnage qu’incarne Rochefort. Si la qualité de l’écriture et les dialogues aux petits oignons rendent le film hautement sympathique, ils ne parviennent jamais vraiment à faire décoller le récit. Sans doute parce qu’on a du mal à croire au couple formé par Jean Rochefort et Catherine Deneuve dont le coup de foudre supposé ne se ressent pas à l’écran. Deneuve qui peine à faire illusion en chanteuse de cabaret et joue surtout les jolies utilités dans un rôle assez secondaire. Finalement, en voyant les scènes très drôles où intervient le frère pingre de Martin, parfaitement interprété par Michel Aumont, on se dit que le réalisateur et son scénariste auraient été mieux inspirés de parler d’avarice plutôt que de lâcheté. Courage, fuyons n’en reste pas moins un témoignage éloquent de la qualité d’écriture des comédies françaises des années 70. Une qualité qui fait aujourd’hui souvent défaut à un genre qui est pourtant loin d’être mineur.