– 911, je vous écoute !
– C’est pour une urgence, madame ! Je viens de voir un navet et j’ai des hauts le cœur.
– Calmez-vous ! Racontez-moi…
– Je ne sais pas si j’y arriverai… (Pleurs) C’est l’histoire d’une femme qui bosse dans un centre d’appel d’urgences. Elle est traumatisée car elle n’a pas pu sauver, des griffes d’un serial killer, une adolescente qui lui demandait de l’aide. Alors, six mois plus tard, quand le tueur remet ça et qu’il enferme une adolescente dans le coffre de sa voiture sans même se douter qu’elle détient le téléphone portable, forcément intraçable, d’une copine… Devinez sur qui la victime tombe quand elle demande des secours…
– Calmez-vous, monsieur. Parlez moins vite. Où vous trouvez-vous ?
– Je viens de sortir de la salle. Les spectateurs autour de moi sont atterrés. Je n’avais pas vu une telle chose depuis les années 90 et la grande mode des tueurs en série. Tout y passe, madame. Victimes aux yeux déformés par la peur et par des gros plans putassiers. Montage agressif et effets sonores exagérés… Le réalisateur de The Machinist ne nous épargne rien ! (Pleurs) Et je ne vous parle pas du nombre d’invraisemblances pour tenter de maintenir le suspense, des emprunts lourdingues au Silence des agneaux ou à Psychose, des énormités scénaristiques du genre : « Oh mince, mon téléphone est tombé par mégarde dans le repère du tueur au moment où j’allais appeler la police. Pas grave, au lieu de m’enfuir comme toute personne sensée, je vais aller le récupérer… Mince, y’a plus de réseau… ».
– C’est bien monsieur. Continuez à parler. Vous voyez quelque chose qui pourrait sauver le film ?
– C’est horrible ! Je ne lui vois aucune circonstance atténuante. La belle Halle Berry est coiffée comme un caniche et en fait des tonnes. Le méchant est con comme un manche. Et puis cette façon de promouvoir la loi du talion tout en faisant du drapeau américain un indice clef de l’affaire… Aaaaah !
– Monsieur ? Allô…? Non mais allô quoi !
– Je suis toujours là… C’est juste que je viens de lire que le film a été produit par la filiale d’une fédération de catch professionnelle et qu’il devait être réalisé par Joël Schumacher : le tâcheron responsable des plus mauvais Batman au cinéma et de Phone Game… C’est affreux, madame… (Pleurs) God bless sans doute America, mais l’Amérique n’épargne pas le pauvre spectateur qui doit se farcir ce genre de purge prévisible et formatée… (Pleurs – Tut, tut, tut…)
– Monsieur, monsieur ?
ah, voilà une excellente disgression !!! merci Sensei pour ce bulletin aussi bien ficelé !
– Monsieur Marcorèle, Allo !???
Monsieur Marcorèle ?
Vous ne répondez plus ! Peut-être êtes vous aller voir une nouvelle bouse pour nous en conter les défauts avec le brio qui vous caractérise…
Etes-vous maso d’aller voir ce genre de chose ? Non ; sans doute que cela vous détend les neurones …
En tous cas ça nous donne l’occasion de rire un peu, et à votre talent littéraire de s’exprimer librement …
THE CALL est manifestement à mettre d’urgence sur les étagères de l’oubli …
Sans vous, Marcorèle, notre esprit n’aurait même pas été avisé de la vie et de la mort de cette étincelle faiblarde et vaine qui luira momentanément devant quelques spectateurs égarés, séduits par on ne sait toujours pas quel mystère qui les aura attiré là …
Espérons toutefois, au rythme où vont les choses, que THE CALL n’apparaisse pas un jour, même lointain, comme un film d’auteur ou de style, ou un film tout court … Quand on voit le regain d’intérêt pour les navets des années 70, on peut se demander jusqu’où pourra être creusé la fosse de la médiocrité…
Mais si, je vous assure, ces propos sont parfaitement mesurés !… Il faut bien dénoncer ce qui est purement nul ; pour qu’en contraste absolu, brillent d’un plus bel éclat les pépites du cinéma…
Excellent ton article, merci :-)) par contre, je n’ai pas honte d’avoir passé un bon moment avec ce thriller malgré ou grâce aux poussifs du genre. Encore bravo pour ta plume 😉