Affiche du film Le troisième homme
Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, Holly Martins, un écrivain américain, arrive à Vienne. Il doit y retrouver son vieil ami d’enfance, Harry Lime, qui lui a promis du travail. Mais, à peine arrivé, il apprend que ce dernier vient de trouver la mort dans un accident de la circulation…
Tiré d’un roman et d’un scénario de Graham Greene, Le troisième homme est le type même de film qui, par son sujet et sa mise en scène, éclaire en filigrane l’actualité d’une époque.
Ici, le partage de l’Europe entre les quatre nations alliées victorieuses et le début de la guerre froide.
Devant la caméra de Carol Reed, Vienne devient, sous couvert d’une enquête policière, le symbole de la déliquescence de l’Europe et le théâtre délabré des guerres larvées entre les États-Unis, l’Angleterre, la Russie et, accessoirement, la France.
C’est dans cette atmosphère trouble et équivoque que se débat le personnage principal, au cœur d’une ville détruite et fantomatique où plane l’ombre de son ami Harry Lime.

Une ombre dans Vienne
Une perte de repère que le cinéaste souligne par ses plans penchés et ses nombreuses plongées/contre-plongées ainsi que par un mélange de différentes influences cinématographiques. Magnifiées par la photographie de Robert Krasker, les ruines de Vienne qui servent de décor au film rappellent le néoréalisme italien (on pense notamment à Allemagne année zéro de Rossellini) tandis que l’utilisation fantasmatique des ombres nocturnes ou des escaliers qui s’enroulent jusqu’au vertige renvoient à l’expressionnisme allemand.

Joseph Cotten dans un escalier
Tout concourt à offrir une vision sombre du monde devenue une véritable souricière pour l’individu (comme le montre brillamment la séquence dans les égouts) et où le mensonge et la trahison ont pris le pas sur la fidélité et l’amitié.
La brève mais brillante prestation d’Orson Welles vient accentuer ce sentiment général. Présence fantomatique qui d’un coup s’incarne le temps d’une apparition sous un porche ou, pleinement, lors de sa confrontation avec Joseph Cotten dans la grande roue.
Affiche anglaise du Troisième homme Tout aussi séduisant qu’inquiétant, Orson Welles joue avec délectation de l’ambiguïté de son personnage, contribuant un peu plus à l’ambiance inquiétante du film.
Grand prix du festival de Cannes en 1949, Le troisième homme n’a rien perdu de sa noirceur, ni de son cynisme – quelle fin ! – porté par la célèbre musique à la cithare d’Anton Karas.