
1943, un commando allemand est parachuté en Angleterre avec pour mission d’enlever Winston Churchill.
Dernier film du réalisateur des Sept Mercenaires et de La grande évasion, L’aigle s’est envolé (tout le contraire du titre anglais qui parle plutôt d’atterrissage : The Eagles Has Landed) est un film de guerre atypique. Atypique car, tout comme Les croix de fer de Sam Peckinpah qui sortira quelques mois plus tard, il met en avant les actes de bravoure d’un groupe de soldats allemands dirigé par un chef charismatique. Un parti pris ambigu à l’image des différents personnages qui portent assistance au commando : un ancien membre de l’IRA, une Anglaise bon teint aux motivations troubles (dont des scènes inédites nous apprennent qu’elle est Boer) et une jeune anglaise qui trahit sa patrie par amour. Tandis que, face à eux, le colonel américain se révèle être une vieille baderne ivre de gloriole qu’incarne à la perfection Larry Hagman, le futur J.R. de la série Dallas.
Malheureusement, la mise en scène efficace mais impersonnelle de Sturges peine à exploiter pleinement cet aspect psychologique du scénario et le film, qui met beaucoup de temps à entrer dans le vif du sujet, ne convainc vraiment que dans son dernier tiers. Le choix de faire parler en anglais des personnages allemands n’arrange rien à l’affaire. Les acteurs, tous excellents, ne sont pas en cause. L’aigle s’est envolé leur doit même beaucoup. De Michael Caine, en chef de guerre solaire et désabusé, à Robert Duvall, énigmatique colonel allemand borgne et manchot, en passant par le numéro de Donald Pleasence dans le rôle d’Himmler. Mais c’est surtout Donald Sutherland qui impressionne en parvenant à rendre attachant un personnage aux agissements contestables.
Avec ce dernier baroud en demi-teinte, John Sturges prouve, néanmoins, qu’il n’avait pas son pareil pour composer des castings de haute volée.
Le souvenir même de cet Aigle s’était envolé de ma mémoire. Pourtant Sturges ! et un casting fou. Merci pour ce petit retour.
J’ai découvert ce film récemment. En effet, le scénario est intéressant et le basculement du point de vue ordinaire sur la guerre pour l’observer depuis les allemands, est assez rare sur les écrans français et anglo-saxons pour valoir le déplacement.
Pas de manichéisme dans ce film, mais des personnages aux convictions effectivement troubles, portés par des acteurs d’excellent niveau.
Bref, L’aigle s’est envolé trouve une bonne place dans le palmarès des films sur la seconde guerre mondiale.
Ce qui m’a plu dans L’AIGLE S’EST ENVOLÉ, c’est que John Sturges laisse le temps aux personnages de s’installer dans son film, développer des relations qui s’éloignent de l’action ou des objectifs militaires, avant de revenir à la mission, ce qui provoque des écarts et des déchirures qu’il est utile de décrire pour rappeler parfois l’humanité de certains guerriers au lieu de remplir les oreilles de mitraille et de morts sans égard pour les hommes et les femmes dans la guerre.
C’en est au point que le spectateur résolu à assister un film de guerre se pose la question régulièrement : Mais où en est la mission ? Allons-nous la retrouver ou n’était-ce ici que le prétexte initial à la mise en présence d’ennemis qu’on va essayer de rapprocher à l’écran avant d’assister peut-être à leur rupture patriotique ensuite ?
Réussir à mettre les deux en scène à la fois n’est pas si simple, dans les films de guerre, où les scènes intimistes sont souvent le prétexte à la seule reprise du souffle du spectateur entre les scènes d’action ou de tir au pigeon des ennemis impersonnels.
Bien vu. 😉
Pourquoi pas 😉 ?