
France, 1944.
Alors que les combats font rage près de Nancy, un lieutenant américain recrute un groupe de soldats désabusés par la guerre. Leur but : dévaliser une banque remplie d’or située à 40 kilomètres de la ligne de front, côté allemand.
Inspiré d’une histoire vraie, De l’or pour les braves fait partie de ces films de guerre atypiques qui ont fleuri dans les années 60 à 70 : de La nuit des généraux d’Anatole Litvak (1967) à Un château en enfer de Sydney Pollack (1969) en passant par Les croix de fer de Sam Peckinpah (1977) ou L’aigle s’est envolé de John Sturges (1976). Ici, Brian G. Hutton s’essaye à l’improbable fusion entre film de guerre et film de casse. Une tentative qui freine un peu le récit dans toute sa partie exposition et recrutement de l’équipe. D’autant que, sorti dans le sillage et le succès de Mash, le scénario peine aussi à convaincre lorsqu’il tente d’adopter le ton satirique choisi par Robert Altman pour critiquer la guerre et ses « valeurs » qui n’ont rien de morales. De l’or pour les braves tombe même dans l’anachronisme, heureusement avec un certain bonheur, lorsqu’il décrit la petite troupe de conducteurs de chars aux allures de hippies menée par Donald Sutherland. Magnifique de désinvolture, le comédien parvient sans peine à estomper la prestation monolithique et pince-sans-rire de Clint Eastwood.
La seconde partie s’avère la plus efficace quand arrive la concrétisation du projet d’attaque de la banque. Là, rebondissements et imprévus font vraiment rentrer dans le vif du sujet et l’action se pare d’une noirceur bienvenue, même si elle reste teintée d’ironie puisque les voleurs passent ici pour des héros alors que leurs actes de bravoure sont uniquement motivés par l’appât du gain.
Sans être de l’or en barre, ce surprenant film de guerre vaut tout de même le détour, ne serait-ce que pour son interprétation cinq étoiles.
Le film de guerre picaresque n’aura pas fait florès mais il faut bien avouer que celui-ci en est le parangon. Pas désagréable à voir d’ailleurs.
En effet, la morale n’est pas ce qui étouffe ces pillards des temps modernes.
De tous temps, les soldats se sont payés sur la bête. La guerre de butin, de rapines, viols, vols d’œuvres artistiques, soumission des populations à l’esclavage, dettes de guerre et autres abus ont satisfait les soudards ou affairistes de tous les pays. Aujourd’hui, c’est plus propre même si l’Afghanistan produisait six fois plus d’opium après vingt ans d’occupation étasunienne et que les Afghans se mettaient les aides financières dans la poche. En Lybie, on détourne le pétrole et les réseaux de passeurs. Daech commerçait avec la Turquie et autres. Ces temps présents, les Russes et les ukrainiens ne s’entendent que sur une chose : que le business continue malgré la guerre, et les armes se retrouveront rapidement sur le marché noir.
On a beau présenter les choses sous un angle sympathique, l’argent vient troubler même les règles de la guerre.
Tant que le complexe militaro-industriel étasunien va bien, tout va bien, comme au temps ou les chars nazis roulaient au pétrole de la famille Bush … Mais tout n’est pas comparable : il y a les bandits de droit commun et il y a ceux qui sont du bon côté du marteau …
Décidément, cette seconde guerre mondiale, dont la victoire a été privatisée par Oncle Sam, a donné lieu a bien des idées et des bénéfices à Hollywood …
DE L’OR POUR LES BRAVES en est un exemple supplémentaire.
Dans les périodes troublées, des opportunistes trouvent facilement leur compte. Collaborateurs, marché noir, trafiquants, passeurs, marchands d’armes, héros malgré eux, les opportunités sont nombreuses dans ces moments où les cartes sont rebattues et où les Etats font tourner la planche à billets.
Ce ne sont pas les mêmes qui brillent dans la guerre ou dans la paix. Il serait intéressant de les distinguer ou repérer les points communs pour identifier les qualités particulières des profiteurs de guerre par rapport à ceux qui réussissent par temps de paix.
Je regarde peu de films de guerre donc je ne le connaissais pas :). Mais je me le note au cas où 🙂