De 1959 à 1973, Maurice Decques retrace les différentes étapes de sa vie avec sa bande d’amis, tous issus du 20ᵉ arrondissement de Paris, de l’enfance jusqu’à l’âge adulte.

Vive la sociale ! ou le film des premières fois ?
C’est à un joli premier long métrage que nous convie Gérard Mordillat. Une première œuvre cinématographique tirée de son sympathique premier roman, au titre homonyme, qui retraçait, avec beaucoup d’humour, les vingt-cinq premières années d’un habitant du 20ᵉ arrondissement parisien tout en redonnant vie à un quartier ouvrier aujourd’hui presque disparu. Le film est dans la même veine qui célèbre, avec tendresse, l’amitié et la cohésion sociale sans jamais se départir de son ton caustique.
Éminemment politique sous son apparente désinvolture, Vive la sociale ! met à l’honneur, comme rarement dans le cinéma français, le petit peuple de gauche. Des ouvriers, principalement, qu’il valorise tout en pointant gentiment du doigt certains de leurs aveuglements, à l’image de l’amusante scène des mots croisés du journal l’Humanité qui vire au drame familial.
Bien qu’un peu daté années 80, le film de Gérard Mordillat conserve une fraîcheur et une originalité de ton qui doivent beaucoup aux dialogues enlevés, à la mise en scène inventive (le personnage principal qui s’adresse directement aux spectateurs, les temporalités qui se mélangent et le jeu piste organisé par Genichka pour son mari) ainsi qu’à la qualité de l’interprétation.

Si Yves Robert (en père communiste adepte du vélo, en hommage à Jour de fête de Tati) et Judith Magre (en mère anarchiste) sont absolument parfaits, ce sont surtout les nouveaux visages qui marquent Vive la sociale ! Robin Renucci y fait preuve d’un beau talent comique et François Cluzet impressionne dans un rôle compliqué, entre confidences et connivence. Ils forment un impeccable duo face à la grâce pimpante d’Elizabeth Bourgine. On n’oubliera pas de sitôt le « Trop tard ! » que son personnage lance d’un air malicieux à Maurice, faisant virer le film du thème de la camaraderie à celui de la romance. Une belle histoire d’amour, teintée de mélancolie, que portent idéalement les jolies mélodies de Jean-Claude Petit dans l’une de ses premières compositions pour le cinéma.
Quand je vous disais que Vive la sociale ! est le film des premières fois.