
Vous savez quoi ? Vous avez rêvé.
Matrix, Matrix Reloaded et Matrix Revolutions n’étaient pas des films mais une trilogie de jeux à succès. Monsieur Anderson, qui s’était inspiré de lui et de son entourage pour créer les personnages de son univers techno-cuir, coule aujourd’hui des jours tranquilles comme créatif chez un éditeur de jeux vidéo. On suppose même qu’il pense à développer un nouveau jeu nommé John Wick dont le personnage principal aurait son apparence et où Chad, le mari de Tiff, pardon de Trin (on est aujourd’hui dans un monde régi par le monosyllabisme), serait le réalisateur. Mais voilà, Monsieur Anderson, qui bouffe à longueur de journée les pilules bleues prescrites par son psychiatre, sent bien que la vie est ailleurs. Alors quand un certain Morpheus, vêtu comme le Joker de Joaquin Phoenix, sort des chiottes pour lui proposer une pilule rouge, l’élu quitte son petit cocon pour replonger dans les emmerdes.
À part la volonté de renflouer les caisses de la Warner (ce qui est évoqué dans le film) et, dans une moindre mesure, de faire plaisir aux fans de la saga, quel lapin blanc a mordu Lana Wachowski pour lui donner envie de replonger dans la matrice ? La pilule a d’autant plus de mal à passer que la fin imaginée pour la trilogie se suffisait à elle-même.
Désireuse de nous faire partager une nouvelle fois ses goûts d’égouts, la réalisatrice compose un Matrix Resurrections qui semble se complaire aux toilettes. Entre un Morpheus faisant son entrée dans des WC, une fuite par les chiottes d’un train et un combat « gravaleux » contre des pissotières, le film laisse à penser que l’on peut partir se soulager pendant la séance sans louper grand-chose. Et, de fait, rien ne marche dans ce nouvel opus qui passe beaucoup de temps à courir après sa gloire passée en diffusant nombre d’extraits nostalgiques des précédents films et en tentant de nous faire croire que la trilogie proposait une réflexion philosophique là où il y n’y avait qu’un ébouriffant festival de baffes et de mitraillages.
Ici, les combats spectaculaires ont fait place à des affrontements mal filmés où la précipitation tient lieu d’action. Même les tenues cuirs et les lunettes noirs ont été remplacées par des accessoires kitch. Quant au pauvre Keanu Reeves, il traîne péniblement sa carcasse préférant lever les mains et écarter ses doigts à rythme régulier pour se défaire de ses ennemis au lieu de leur donner une bonne dérouillée. Ajoutez à cela le petit discours féministe, qui n’engage à rien mais fait toujours bien, en vogue à Hollywood et vous obtenez un salmigondis indigeste où seuls Neil Patrick Harris et Lambert Wilson tirent leur épingle du jeu en en faisant des caisses.
Loin d’être la résurrection annoncée, ce quatrième épisode aurait plutôt dû s’appeler Matrix Resucée.
J’ai même pas tenté d’avaler cette pilule.
Je ne dis pas non néanmoins pour un trip en canapé.
On dira ce qu’on voudra, l’image de MATRIX, c’est de la haute qualité ! Que d’autres aient copié depuis, c’est possible, mais l’original reste MATRIX, que l’on peut regarder et regarder encore, sans se lasser. C’est de l’art !
Je consens que les images du monde souterrain, poisseux, transpirant, le monde réel de MATRIX ont toujours été moins séduisantes que les combats plus âpres et techniques contre les Sentinelles et autres, sont moins sublimes que les acrobaties en imper noir contre l’agent Smith … Et alors, MATRIX fonctionne de toute manière, par séquences, laissant au spectateur des moments de respiration, de répit avant une nouvelle accélération cardiaque.
Ajouter un quatrième opus à la trilogie, c’est forcément du rab, et il aurait fallu réellement ajouter quelque chose. Ca ne semble pas être le cas : on rabâche, pour ne pas risquer de froisser le fan, on lui étire le truc sans autre ambition que de lui vendre un nouveau ticket. Dommage ! Beaucoup iront néanmoins le voir, ne serait-ce que pour retrouver Trinity et Neo dont le couple contrarié est néanmoins bien assorti.
Forcément, pour suivre le mouvement, c’est alors MATRIX qui va chercher à se mettre au diapason des autres productions fantastiques, au risque d’y perdre sa particularité. Ca va parler à tort et à travers ; on va supprimer les tirades apaisées aux considérations philosophiques, et les personnages vont perdre en profondeur pour faire plus de bruit, d’émotion et de gymnastique en effets spéciaux …
Moi aussi, je suis certain de le voir un jour, mais pas en salle … Convaincu d’avance que je serai déçu, je le serai déjà moins que si j’avais espéré voir un bon nouveau MATRIX.
Reste un mystère : Comment fait Carrie-Anne Moss pour ne pas changer ? Y-aurait-il quelque chose de vrai dans cette histoire de réalité virtuelle ?
Le métavers nous envahit … Tout se mélange. Réel, numérique, virtuel, réel augmenté … Il devient de plus en plus difficile de faire la différence.
Il y a un moment où l’on distingue encore assez bien la différence, c’est à l’instant fugace du réveil : notre esprit fait le point, range les rêves dans la case rêve, met la date au sommet à gauche, le planning préconstitué de la journée, et le corps peut alors se lever pour aller actionner la bouilloire et la pomme de douche …
C’est ensuite que tout se complique, la radio commence à couler entre nouvelles, remise en question des complots en cours et dénonciation des dernières désinformations. Plus tard, les écrans s’allument et la vie entre dans un cadre de 17 pouces pour la plupart des heures de la journée. A part quelques moments bien réels d’interactions humaines ou alimentaires, nous alimentons un monde fait de 1 et de 0, que d’autres vont partager avec nous sans nous avoir vu les initier. Le téléphone ou la visio va nous redonner un semblant de présence qui n’est pourtant qu’une augmentation de l’absence ..
Et MATRIX, là-dedans ? Et bien, je me demande parfois si, tout compte fait, nous n’y sommes pas déjà largement !
D’ailleurs, Marcorèle, qu’est-ce qui nous prouve qu’il existe vraiment ?
Grosse déception ce film