
Qui de la poule (de luxe) ou de l’œuf (vibrant) ?
Telle est la question qui vient à l’esprit en regardant Madame Claude.
Après Emmanuelle et Histoire d’O, cette histoire vraie (autour de la patronne d’un juteux réseau de call-girls destinées aux grands – pervers – de ce monde) est-elle pour Just Jaeckin la simple conclusion d’une trilogie érotique ? Ou l’occasion, pour lui, de sortir sa caméra des ébats chichiteux dont il s’était fait une spécialité ?

Les deux, sembleraient-ils, tant le film semble contenir deux scénarios en un.
Le premier est prétexte à des ébats léchés en tous genres (par deux, par trois, par touze, par-devant ou par-derrière) et commence par un clin d’œil appuyé à Emmanuelle et son fameux fauteuil.

Une introduction qui évoque également Marilyn Monroe et son célèbre « Happy Birthday Mr President ». De là à nous laisser penser que le président Kennedy était amateur de dossiers brûlants, il n’y a qu’un pas… que nous ne sauterons pas.
Le second, plus captivant, mêle espionnage, magouilles politiques et règlements de compte en haut lieu. Une partie qui semble avoir beaucoup plus titillé le cinéaste qui a su s’entourer, pour l’occasion, de solides acteurs de seconds rôles, d’André Falcon à François Perrot.
Mais c’est surtout l’impressionnante prestation de Françoise Fabian, dans le rôle titre, qui devrait être « cotée en bourses ». Son interprétation vaut vraiment le coup d’œil, sans qu’elle ait besoin de se dénuder une seule seconde. Rebelle et intraitable, elle compose un personnage de femme forte aussi moderne que tragique. Une femme qui se veut libre mais reste prisonnière des hommes de pouvoir avec qui elle tente, vainement, de faire jeu égal.

Quel plaisir de retrouver Maurice Ronet à ses côtés, six ans après Raphaël ou le débauché de Michel Deville, même si c’est, hélas, dans un rôle beaucoup trop court.
Beaucoup trop longs, par contre, sont les rôles du maître chanteur piteusement interprété par Murray Head (aussi peu crédible en Rocco des douches concupiscent qu’en photographe doté d’un gros zoom) et de la jolie cornichonne jouée par Dayle Haddon, au minois similaire à celui d’Adjani mais à l’expressivité proche du néant.

En dépit de ses quelques qualités, cette Madame Claude dénote surtout une panne des sens chez Monsieur Just qui ne parviendra jamais, d’Amant de Lady Chatterley en Gwendoline, à se débarrasser de son étiquette de réalisateur de productions érotiques aussi raffinées qu’évaporées.
Je ne sais pas si le film vaut le coup ou pas (sans mauvais jeu de mots !), mais ces images vaporeuses piquent ma curiosité au même titre qu’un joli tableau ! A voir si l’emballage est à la hauteur du résultat ^^ quitte à filer la métaphore jusqu’au bout !
Jaeckin verra (le démon de) midi à sa porte. En ce qui me concerne, je n’ai encore jamais fait appel à ses services. Je me sens néanmoins étrangement attiré par ces quelques photos volées au film. Nul doute que le Président Kennedy qui souffrait d’un mal de dos terrible paraît-il, aurait accepté ce dossier brûlant en effet.
Mazette, dans quelle transe lyrique Madame Claude a mis Marcorèle !
Zézettes, à quelle danse invite la dame, chaude amie maquerelle !
A quand une vidéo de Madame Claude, avec le commentaire en continu de Marcorèle en voie off ? Le film deviendrait sublime !
Remarquez, il suffirait de proposer le commentaire à écouter en parallèle au film …
Moi, j’adorerais, c’est certain ! Un bon moment de rigolade et d’analyse !
En passe de panne d’essence avec une voiture dont la jauge a faibli, j’ai souri, enlisant votre article et ses jeux à mille sous. 🙂
J’espère ne pas trop m’être enlisé… 😉
Ah, la fin des années 1970, Just Jaeckin, David Hamilton, avec leurs cohortes de nymphettes affriolantes sur tons pastel (et sur fond de nature chez Hamilton) … Tout un imaginaire ultra-kitsch qui ressurgit ici du passé. Merci à toi
Merci pour ton commentaire. 🙂