De 1877 à 1878, quelques mois dans la vie corsetée d’Elizabeth d’Autriche, plus connue sous le nom de Sissi.

Avec Corsage, Marie Kreutzer s’empare du personnage de Sissi, rendu populaire grâce aux films avec Romy Schneider, et le revisite en abordant, sans détour, ses côtés les moins glamours. Fumeuse impénitente, l’impératrice est montrée comme tellement obsédée par son poids qu’elle passe son temps à gérer ses repas, faire du cheval, de la gym et des poids.
Mais ce n’est pas le tout de la revisiter, la cinéaste tente aussi de la réinventer autour de préoccupations très actuelles, tournant autour d’une certaine idée du féminisme à base de sororité et de doigts d’honneur aux conventions. Pour ce faire, elle en rajoute dans le signifiant et le sur signifiant pour donner à son film un air intelligent. Ici, les murs des châteaux sont décrépis pour « mieux » illustrer la fin d’un monde et de ses privilèges. Là, Sissi a grandi démesurément, comme si elle avait mangé le gâteau d’Alice au pays des merveilles, pour bien faire comprendre (à ceux qui se seraient endormis ou seraient allés faire pipi) combien la pauvre impératrice se sent à l’étroit dans son palais et dans les exigences de l’étiquette liées à son titre de noblesse.
On sent bien que, comme son héroïne, la réalisatrice se rêve autre… Peut-être en Sofia Coppola tournant Marie-Antoinette. Aussi multiplie-t-elle les anachronismes (téléphone, sortie de secours…) qui finissent d’alourdir son propos déjà bien gratiné.
On préférera donc, sans honte, les films kitsch d’Ernst Marischka, avec Romy Schneider, à cette morne et longue reconstitution guindée destinée à souffler opportunément avec l’air du temps.