
1923. Sur une île au large de l’Irlande, Colm décide subitement de ne plus parler à Padraic, son meilleur ami et fidèle compagnon de pub.
Triste et déboussolé, Padraic cherche à comprendre ce changement d’attitude. Mais son insistance provoque chez son ancien camarade de beuveries une décision radicale qui va bousculer la petite vie paisible de toute la communauté.
Après un navet (7 psychopathes) et un film très surfait (3 Billboards, les panneaux de la vengeance) tournés aux États-Unis, Martin McDonagh revient enfin en Europe où il avait commencé sa carrière avec le remarquable et remarqué : Bons baisers de Bruges. Retrouvant la veine tragi-comique qui présidait à son premier film, ainsi que ses deux acteurs principaux (Colin Farrell et Brendan Gleeson), le cinéaste nous offre un magnifique conte irlandais, de ces histoires qui se racontaient autrefois, dans les villages, à la veillée. D’une brouille absurde et cruelle autour du temps qui passe, McDonagh tire un récit superbement écrit sur l’amitié qui n’a rien de plombant et sait toujours rester léger, grâce à des dialogues particulièrement enlevés.

Hommage à L’homme tranquille de John Ford ainsi qu’à La nuit du chasseur de Charles Laughton (avec ses animaux qui semblent dotés d’une âme), Les Banshees d’Inisherin est un film en état de grâce que subliment les splendides paysages irlandais et une interprétation de haute volée. Du curé au flic dépravé, de la sorcière à la commère dans son commerce, chaque personnage est remarquablement bien campé et forme un univers cohérent autour des deux principaux protagonistes. En vieil ours taciturne et buté, Brendan Gleeson impressionne mais c’est surtout Colin Farrell qui force l’admiration et livre une prestation sensible et poignante. Il trouve là le meilleur rôle de sa carrière. À leurs côtés, les performances de Kerry Condon et de Barry Keoghan sont aussi à saluer. La déclaration d’amour du simplet du village à la sœur de Paidric figure, d’ailleurs, parmi les grands moments de ce conte humaniste qui ne manque jamais de cœur, même dans sa noirceur.
Un grand film !
Un film hautement estimé et que l’on retrouve dans les nominations diverses pour les prix 2022-23 ! En effet Colin farrell et les autres acteurs sont remarquables…!
Fred
Merci pour ton commentaire, Fred. 😉
Farrell, Gleeson et le réal’ de ‘Bons Baisers de Bruges’ ? Ce film me fait très envie !
Et tu as bien raison d’avoir envie de le voir. 😉
Bien hâte de le voir…vu hier » Joyland », petite pépite…bon mardi !
Merci du conseil. 😉 Belle journée. 😀
Merci. Pas encore vu Joyland, pour ma part. 🙂
Marcorèle, votre critique de LES BANSHEES D’INISHERIN nous a motivé pour aller le voir.
Tout est juste dans ce que vous analysez avec votre brio habituel.
Quelle drôle de vie que celle des habitants d’INISHERIN, qui semble bien lente et où le désœuvrement ne trouve d’exutoire qu’au pub, unique lieu social et d’allégresse !
Les paysages effectivement somptueux, mêlés de vert, de mer, de falaises et d’humidité salée sont l’ordinaire des personnages qui ne nous invitent pas à y prêter une particulière attention, mais leur beauté ne peut pas nous échapper, comme le charme d’une femme qui ne saurait pas qu’elle est belle : ce n’est que l’évidence.
Nous sommes si loin de nos vie urbaines et trépidantes, que ce pourrait être un moment de repos contemplatif. Mais ce n’est pas ça. Ce n’est pas une nouvelle promotion de l’Irlande, votre prochaine destination de voyage … Pas du tout.
Heureux que vous ayez apprécié ce film. 🙂
J’apprécie le concept de conte, que vous appliquez à ce film, Marcorèle, car le scénario pousse peut-être un peu loin l’intensité de la brouille entre les deux amis pour être crédible, rapporté dans une vie réelle.
Le conte autorise l’excès, sans caricature ici, qui ne pourrait donc pas être reproché.
Cette espèce de fiction réaliste et dépouillée conserve alors sa force et sa cohérence, et l’on peut accepter que les caractères forts accomplissent des actes forts, de sang froid.
Une fable élégiaque comme un chant irlandais mais d’une noirceur minérale pareille aux falaises qui plongent dans l’océan. J’ai apprécié le voyage sans toutefois être emballé.
Film au scénario surprenant qui m’a beaucoup plu.
Les acteurs sont remarquables, j’ai bien aimé la façon de filmer et il y a des scènes que j’ai trouvées très fortes et d’autres très drôles.
La discussion autour de « est ce que je suis creux ? » était à fois drôle et émouvante.
J’avais apprécié bon baisers de Bruges. Colin farell est excellent.
Merci pour ton commentaire. Rien à redire. 😉