Le surmenage guette Evelyn Wang qui, prise à la gorge par les impôts, ne parvient plus à gérer de front sa vie familiale et professionnelle. Aussi, lorsqu’elle apprend l’existence d’univers parallèles (où elle peut découvrir les différentes vies qu’elle aurait pu mener) mis en péril par des forces obscures, elle plonge sans hésiter dans un maelstrom de civilisations aussi étonnantes que délirantes pour tenter de sauver son (petit) monde.

Oubliez les Nope et autres Midsommar, Everything Everywhere All at Once est certainement l’une des expériences cinématographiques les plus délirantes, mais aussi réjouissantes, de ces dix dernières années.
Les deux cinéastes, qui n’en sont pas à leur coup d’essai après un Swiss Army Man bien allumé, revisitent à leur sauce (piquante) le thème des multivers mis au goût du jour par les films de super-héros. Inventifs, ils convoquent autant la bande dessinée, le roman photo (qui ne vous laissera pas de pierre), les Piñatas que le cinéma via Matrix, In the Mood for Love, Ratatouille ou encore Tigre et dragon, dont Michelle Yeoh fut la bondissante héroïne, avec un art consommé de la déconnade.

Dans ce feu d’artifice permanent qui redonne tout son sens, et ses lettres de noblesse, à la notion de spectacle sur grand écran, les Daniels font feu de tout bois, en faisant s’entrechoquer des idées aussi brillantes que déconcertantes et en mettant en valeurs les performances de deux actrices soixantenaires qui ne s’en laissent pas compter. Michelle Yeoh prouve ici l’étendu de son talent dans des registres très variés et Jamie Lee Curtis joue les vieilles revêches avec un délicieux sens de l’autodérision.
Un cinéma ingénieux dont la force réside aussi dans la simplicité de son propos qui dit, en substance, pourquoi s’agiter à chercher ailleurs un bonheur que l’on a déjà chez soi ? Pour les Daniels, rien n’est jamais perdu, même avec des doigts boudinés en forme de saucisses molles, il suffit juste de voir la vie sous un autre prisme et là, vous verrez, c’est le pied !