
Un éleveur de chevaux et sa sœur assistent à des phénomènes étranges dans leur ranch isolé situé au fin fond d’une vallée désertique. Alors que plusieurs disparitions de personnes sont signalées dans la région et que tombent d’étranges pluies d’objets mêlées à des bruits effrayants, OJ et Em détectent une présence invisible tapie dans les nuages au-dessus de leur propriété. Mais à trop regarder le ciel, ils risquent fort de l’avoir dans la raie (au propre comme au figuré).
Jamais deux sans trois. Après les surévalués et décevants Get Out et Us, Jordan Peele offre aux spectateurs sa nouvelle arnaque cinématographique qui tente de leur faire prendre des vessies pour des lanternes. Ici, le scénario prend son temps pour nous faire croire à son intelligence. Il multiplie les scènes dialoguées pour ne rien dire (à l’image de l’inepte documentariste qui débite, de sa grosse voix qui fait peur, des sentences « flippantes et énigmatiques ») et il découpe le film en chapitres où se mêlent passé et présent, histoire de masquer la pauvreté du propos. Le cinéaste, tête en l’air, s’évertue même à développer des pistes qu’il prend un malin plaisir à ne pas exploiter jusqu’au bout, comme celles avec le chimpanzé Gordy qui comptent pourtant parmi les rares scènes inquiétantes d’un film qui ne l’est jamais vraiment. Pour le reste, Jordan Peele ne fait qu’exploiter les recettes habituelles de l’épouvante facile en multipliant les fausses alertes et en poussant à fond la bande-son afin de faire monter artificiellement la pression. De quoi rendre « raie-fractaire » le public le mieux disposé devant cette vaste fumisterie.

Les acteurs, tous à la ramasse, n’arrangent rien. Le frère taiseux et sa sœur grande gueule ne sont pas particulièrement attachants, obnubilés qu’ils sont de passer chez Oprah. Quant aux seconds rôles, réduits à leur plus simple expression, ils manquent singulièrement d’épaisseur, quand ils ne sont pas carrément ridicules comme ce « fameux » réalisateur de documentaires cité plus haut.
Devant ce film aussi creux que la baudruche céleste censée nous faire trembler, les distributeurs français auraient été bien inspirés de nous mettre en garde et de traduire le titre original par celui utilisé au Québec : Ben non. On ne peut être plus explicite !
Ce n’est pas si désagréable que ça tout de même… Sauf si tu as déjà un passif compliqué avec Peele, d’accord.
Cependant, je reconnais que les reproches fait au film sont toutefois assez justes. Le film souffre surtout d’un excès d’ambition dans l’écriture mais est largement rattrapé par une réalisation irréprochable que tu n’évoque pas. Un émule de Spielberg qui a bien retenu les leçon de son maître à filmer.
Je suis ressorti un peu énervé de la séance. L’impression que le réalisateur prenait ses spectateurs pour des c… 😉 Manque d’ambition dans l’écriture, c’est peu dire. Et le jeu des acteurs est consternant. (Peut-être parce qu’ils n’ont pas grand chose à jouer tellement leurs personnages sont à peine ébauchés) Certes, je suis d’accord, Peele sait faire monter la tension (mais là aussi, dans quel but ? Ce n’est pas clair…) et compose de beaux plans, mais cela suffit-il à faire un bon film ? 🙂
J’ai vu NOPE, et je l’ai beaucoup apprécié.
S’agit-il du même film que celui qui a vu Marcorèle ?
NOPE est selon moi un film parfaitement maîtrisé, résultat d’un travail sérieux de préparation et de réalisation, auquel nous habitue déjà le jeune réalisateur étasunien. La qualité technique n’est pas tout, mais à ce niveau déjà, peu de reproches factuels sont admissibles : C’est du bon boulot, et cela ravit les yeux, les oreilles et l’esprit critique.
Beaucoup peuvent se perdre en découvrant NOPE, comme ils ont pu se perdre en regardant GET OUT ou US… En effet, le réalisateur ne reste pas enfermé, loin s’en faut, dans les limites du genre que l’on voudrait systématiquement attribuer au film, mais nous emmène au contraire de surprise en contre-pied, et de message en prises de position sur les maux de notre société moderne dans un film qui se voudrait apparemment fantastique ou de science fiction.
Généralement, le spectateur n’est pas très regardant sur le fond dans ce genre de film, alors il faudrait commencer par valider le niveau technique et esthétique avant d’attendre autre chose de NOPE.
Et c’est justement, à ce niveau supplémentaire et inhabituel d’attente, que NOPE nous donne, selon moi, entière satisfaction.
Jordan Peele fait parler. Jordan Peele a du succès. Jordan Peele est dans le viseur. Il est attendu au tournant.
Jordan Peele prend des risques en ne voulant pas tourner comme on fait habituellement à HOLLYWOOD, au mépris de la règle de base qui est clairement de faire du chiffre quitte à resservir dix fois la même soupe.
Ces choix de Jordan Peele l’exposent à la critique, et on peut chercher de l’artificiel dans ces positionnements risqués. Soit !
Comment s’étonner qu’on trouve dès lors autant d’analyses élogieuses, face à des critiques négatives ? Je ne m’en étonne pas !
Nous étions trois quand nous sommes allés voir NOPE, et deux totalement séduits même si interrogatifs sur certaines scènes, et une personne très largement dubitative. Nous en avons parlé et notre regard a éclairé notre troisième circonspect sans chercher à imposer un point de vue subjectif …
Mais n’est-ce pas la marque de la subtilité que de provoquer des avis divergents ?
Le personnage principal, qui n’est pas là pour prendre toutes les lumières, brille ainsi par son mutisme et des yeux grands ouverts qui semblent interroger le spectateur : « En sommes-nous vraiment là ? « .
Ainsi, cette scène déroutante où Daniel KALUUYA est planté là épaules avachies et yeux grands ouverts de lassitude, tenant un cheval splendide mais tout autant apathique sur fond vert, sur un plateau de cinéma, en attendant que l’équipe de tournage soit enfin disposée à tourner… Est-ce une bonne scène qui nous fait nous mettre à la place du dresseur face à la machinerie du cinéma, sans savoir où l’on va dans ce film sans balises, ou est-ce du temps perdu qui rallonge inutilement le film ?
Moi, j’aime beaucoup cette scène. Je continue de l’apprécier.
Le scénario, qu’il est défendu d’exposer ici car NOPE fait encore partie de ces films qui racontent une histoire, est bon, car il nous emporte là où il n’est pas écrit dès le début que nous irions.
Dire que les personnages n’ont pas de fond n’est pas juste, à mon avis : Ils sont peut-être volontairement brouillons ou faussement caricaturaux de prime abord, pour qu’ils nous restent un moment insaisissables et offrent des possibilité d’enrichissement progressif. En tous cas, et pour changer. Et ils ne deviendront jamais les partenaires idéaux au terme d’une lutte d’influence bidon, contrairement à la moitié des scénarii …
Les messages sont nombreux, même s’il faut attendre un peu pour discerner plusieurs d’entre eux. Donc, NOPE se savoure, il est long en cerveau.
Il faudrait des salons confortables pour y penser seul ou à plusieurs en sortant du film, plutôt que de reprendre la route à la sortie du multiplex sans laisser reposer tout ça …
L’image est très belle et le grand écran est rentabilisé. Du reste, installés au croisement des diagonales des enceintes de la salle, nous avons parfaitement profité de l’espace de cette grande vallée de « nuit américaine », où l’on ne sait plus si l’on a entendu les grillons chanter en attendant (pas bien longtemps, mais c’est bien fait alors on partage ces instants suspendus d’attente montrés à l’écran) qu’il se passe quelque chose.
Allez voir NOPE, donc, et faites vous votre avis.
De toutes manières, vous en aurez un !
J’attends déjà avec impatience le prochain film de Jordan Peele !
Jordan Peele a des références, et il en joue sans doute. Forcément, dans le silence d’une vallée plongée dans la nuit claire, et cherchant le nez au ciel ce qui se passe ici, on songe à Rencontre du troisième type. Mais Jordan Peele ne recycle pas, il innove sans arrêt. J’imagine aisément qu’il préfèrerait un film de cinq heures, et je serais volontaire pour aller le voir !
Critique de l’industrie du cinéma, réflexion sur la place de l’image, relation avec le règne animal, fuite de la frénésie urbaine, société de distraction et de consommation, chasse au buzz, responsabilité personnelle, vulnérabilité de la technique numérique, transmission des valeurs ou de la mémoire, … il serait vain d’essayer de dresser ici la liste des thèmes abordés dans NOPE.
Pas de cascades de voiture de police, pas de gros flingues, pas de foules hostiles, pas d’ennemis bêtes et méchants contre les gentils.
On peut chercher la petite bête, mais pas descendre en flamme NOPE, qui dans le genre, s’installe très haut dans le classement, et qui mord sur toutes sortes d’autres genres de film, puisqu’il veut échapper aux catégories.
Bonjour Marcorèle, je me sens moins seule. J’ai été largement déçue par rapport à ce que je m’attendais. Et je n’ai pas compris où il voulait en venir avec l’histoire du singe qui massacre tout le monde.
Ne t’inquiète pas Dasola, nous sommes plutôt nombreux à être resté de marbre devant ce film. 😉
Je n’ai toujours pas vu Get Out ni Us donc je ne verrai peut être pas celui-ci ^^