Un adolescent tout juste majeur, mais déjà plein de certitude, cherche à quitter le cocon familial pour se frotter à la vie et accoucher du grand homme qu’il est certainement.
En attendant, il fait chier sa famille pour se prouver à lui-même que personne ne l’aime et ainsi réussir, pense-t-il, à prendre son envol…

Voici une satire assez fine des années 80, et de sa jeunesse dorée, qui a le bon goût de n’avoir pas pris trop de rides. Elle reste même plutôt d’actualité dans cette description, gentiment acide, d’une jeunesse déjà convaincue qu’elle n’a pas d’avenir au sein d’une société où règne, déjà, la théorie du « tous pourris ».
En adaptant sa propre bande dessinée Souvenirs d’un jeune homme, Gérard Lauzier brosse, avec humour et un sens du détail qui fait mouche, les affres et les tourments d’un jeune con aussi prétentieux qu’arrogant qui, au sortir de l’adolescence, croit tout savoir de la vie et du monde. Dans le rôle principal, Bernard Brieux, dont ce fut le seul titre de gloire, est plus vrai que nature en branleur méprisant et donneur de leçons. C’est peu dire qu’il nous scie, comme lui répète à l’envi Daniel Auteuil, car il donne, à lui seul, toute sa raison d’être à la phrase d’un des personnages qui appelle de ses vœux le retour de certaines vertus perdues, dont celle du coup de pied au cul. Une vertu qui restera lettre morte avec l’avènement de l’enfant roi. Pire, les p’tits cons qui autrefois se cantonnaient à épancher leurs états d’âme dans des journaux intimes peuvent, aujourd’hui, faire chier le monde via les réseaux sociaux. (Aparté d’un p’tit con qui a vieilli…).
Le reste de la distribution est aussi juste que son jeune comédien. Notamment Guy Marchand qui, dans le rôle du père, apporte, contre toute attente, une étonnante touche d’amertume au récit. Grâce à lui, la charge caustique vire à la comédie douce amère et se double d’une réflexion, plus profonde qu’il n’y parait, sur la place du père, confronté à sa propre adolescence et à celle de ses enfants. Surprenant.