La mort violente d’une jeune fille sans attache ravive une blessure enfouie chez le commissaire Maigret. Il va faire de la disparition tragique de cette inconnue une affaire personnelle.

Après Jean Gabin, dernière incarnation au cinéma du célèbre commissaire inventé par Georges Simenon, c’est au tour de Gérard Depardieu de prêter son impressionnante stature au personnage de Maigret auquel il donne une épaisseur inédite. C’est que l’acteur, et son embonpoint, en impose dans un film d’une étonnante noirceur, aux allures de chant du cygne.
Devant la caméra de Patrice Leconte, qui semble livrer un film testamentaire, Maigret n’est plus que l’ombre de lui-même, une silhouette fantomatique à bout de souffle, en chapeau et pardessus. Un mort en sursis qui continue de sonder la face obscure de l’âme humaine, par habitude, alors qu’il n’a plus goût à rien. Ni aux sorties avec son épouse, ni aux sandwichs entre collègues, ni à la pipe… Et encore moins au sexe pourtant bien présent dans cette histoire qui évoque aussi le désir entre femmes. La première scène d’essayage chez la loueuse de costumes, qu’incarne une Elizabeth Bourgine toute en sensualité ambiguë, plante d’ailleurs parfaitement le décor.
Plus qu’à une nouvelle enquête c’est à un film introspectif sur la perte auquel le cinéaste nous convie, que renforce la disparition récente d’André Wilms dont ce fut le dernier rôle. Un beau film désenchanté, servi par d’excellents dialogues et une reconstitution d’époque soignée, qui cherche à capter, par petites touches fugaces, les tourments d’un être solitaire qui s’est intéressé aux autres pour mieux se fuir lui-même.