Grandeur et décadence de France de Meurs journaliste vedette sur une chaîne d’information française.

Comme le dit France vers la fin du film : « C’est terrifiant ! ».
Terrifiant de nullité que ce nouveau film de Bruno Dumont qui, depuis Jeannette, l’enfance de Jeanne d’Arc et sa suite, préfère entendre des voix (celle de Charles Péguy, des cieux et, aujourd’hui, celle des médias) plutôt que de continuer à suivre sa voie si singulière.
Avec France, il se lance dans la satire molle, un nouveau genre cinématographique où, pendant plus de deux heures, il nous inflige de vagues délires qui nous affligent. Critique lisse et facile du journalisme spectacle et de ses vedettes qui se mettent en scène dans leurs reportages au détriment des sujets abordés, ce brûlot mal branlé a l’efficacité d’un pétard mouillé dont n’explose, à chaque plan, que la pathétique vacuité. Le tout porté par une Léa Seydoux inexpressive dont le cinéaste s’acharne, pendant d’interminables gros plans, à vouloir capter le moment où elle va enfin réussir à chialer. Vu l’état de ses poches sous les yeux, nul doute que le budget collyre a dû être explosé.
À pleurer, par contre, est le tandem qu’elle forme avec l’impayable Benjamin Biolay qui devrait penser à troquer définitivement ses cours d’art dramatique contre des leçons de chant. Leur prestation est tellement consternante que, pour l’occasion, le Festival de Cannes aurait dû penser à leur décerner le prix spécial du couple le plus insipide de l’histoire du cinéma. Quant à Blanche Gardin, pourtant si incisive sur scène, elle semble obligée d’en faire des tonnes pour compenser le jeu désespérément atone de sa partenaire.
Sur-signifiante (le nom de la journaliste résonne de mille fumeuses interprétations : France de Mœurs, France demeure, France de mort…), cette France qui se voudrait aussi émouvante que « malaisante » (comme on dit aujourd’hui sur les réseaux sociaux) oublie juste d’être mordante. Flirtant en permanence avec le ridicule, où culmine un accident de voiture aussi risible qu’un carambolage de dessin animé, Dumont veut même nous faire croire que les journalistes stars de la télévision sont aussi des femmes et des hommes de terrain. Non mais de qui se moque-t-on ?
Plutôt qu’à Christophe, c’est à Sardou qu’il aurait dû confier la musique de son film.
Ne me parlez plus jamais de France, Dumont sa France il l’a laissée tomber.
Ne me parlez plus jamais de France, c’est ma dernière volonté…