
Edna, une vieille dame qui vit seule dans une grande maison isolée aux abords d’une forêt, a disparu. Alertées, sa fille et sa petite fille arrivent sur place pour tenter de la retrouver. Mais dans la vieille demeure, remplie de souvenirs familiers, les deux femmes se sentent très vite mal à l’aise.
Le film d’horreur n’est jamais aussi efficace et passionnant que lorsqu’il aborde, à travers son prisme frissonnant, des sujets de société. C’est ce que réussit à faire Natalie Erika James avec ce premier film qui traite subtilement, au travers d’une histoire de possession, de l’isolement des personnes âgées et de leur fin de vie. Se refusant à jouer la carte du sursaut facile, la réalisatrice préfère miser sur une peur tapie dans le noir, insidieuse comme la maladie qui ronge Edna et pourrit inexorablement les relations avec sa famille ainsi que les murs et les plafonds de sa maison. Grâce à une mise en scène inventive qui joue autant des sons que des coins sombres de l’image, Natalie Erika James donne à voir la décrépitude d’une fin de vie au travail ainsi que les réactions des proches, impuissants et perdus face à l’inexorable vieillissement d’un être cher, plongés dans des abîmes de perplexité où se mêlent tendres souvenirs et inavouables secrets de famille.
Porté par un formidable trio d’actrices, ce huis clos, maîtrisé de bout en bout, atteint des sommets de poésie noire lorsque la maison se transforme en un inquiétant dédale qui s’amenuise à mesure que l’on y progresse. Sans possibilité de retour en arrière, les couloirs encombrés de reliques et de vieux souvenirs mènent inexorablement vers une pièce exiguë à laquelle on ne peut échapper. Saisissante métaphore de l’existence que cette terrifiante demeure qui montre également l’état mental de sa propriétaire avec une réjouissante économie d’effets.
Moins grossier et tape à l’œil que le film Hérédité d’Ari Aster qui abordait des thèmes similaires, cette réflexion sur la transmission intergénérationnelle et la mort en impose par sa fine noirceur jusqu’à un final apaisé et ambigu que ne renierait pas David Cronenberg. Natalie Erika James est assurément une jeune réalisatrice à suivre.
J’avais lu d’autres avis très positifs sur ce film d’épouvante passé un peu inaperçu. Je vais m’y intéresser de très près.
Oui, je serai ravi d’avoir ton ressenti. 😉
Ça fait bien longtemps que je n’ai pas vu de film d’horreur, tu donnes envie de tenter !
Oui, il peut intéresser même ceux qui ne sont pas friands de ce genre. 🙂
Vous piquez sérieusement mon intérêt avec cette belle critique, Marcorèle. Merci donc pour cette recommandations d’un film qui n’aurait pas eu mon attention sans vous, du simple fait de sa catégorie.
Si la finesse et la subtilité s’emparent du genre horrifique, en laissant de côté les ficelles désormais constantes de la balourdise et du bruit et autres débauches d’hémoglobine, je veux bien embarquer !
J’en frissonne déjà !
Il me dit bien, « Hérédité » ne m’avait pas vraiment convaincue ^^
Moi non plus. 😉
Pour ma part, « Relic » est un film étrange qui ne positionne pas clairement dans son histoire à l’intrigue classique et au développement incompréhensible. Le rythme est modéré, le récit manque cruellement de fluidité dans sa dernière partie, et la narration est linéaire. La photographie est sombre et lugubre, la bande musicale renforce l’ambiance sépulcrale et le montage est rationnel contrairement à la mise en scène de Natalie Erika James. La distribution offre de bonnes prestations, cependant la performance délivrée par Robyn Nevin est au-dessus du lot. On pardonnera les incohérences de la conclusion à la scénariste-réalisatrice en espérant qu’elle rehausse le niveau pour son second métrage.
😉