Affiche du film Les mariés de l'an deux
1793. Nicolas Philibert quitte le Nouveau Monde, où il s’était enfui il y a cinq ans, et revient en France pour divorcer de son ex-femme Charlotte. Seul moyen pour lui d’épouser la fille d’un riche américain. Problème : la Révolution fait rage en France et Charlotte s’est enfuie avec le marquis de Guérande qui se cache, entouré de ses Chouans, dans les environs de Nantes.
C’était l’époque où les réalisateurs et scénaristes français pouvaient – ou savaient – encore raconter des histoires se référant à l’histoire de France sans qu’on les pousse à plagier le modèle américain pour plaire au plus grand nombre.
Partant de l’une des premières lois promulguée par les révolutionnaires (celle autorisant le divorce) Jean-Paul Rappeneau concocte une folle course-poursuite amoureuse au beau milieu de la Terreur portée par la majestueuse musique de Michel Legrand. Grâce à un scénario subtil et bien documenté, coécrit avec Claude Sautet et Maurice Clavel, ainsi qu’à des dialogues très en verve, le cinéaste parvient à faire concorder l’histoire d’un amour contrarié avec celle d’une sombre période de l’histoire de France. Sa mise en scène s’accorde parfaitement au rythme de l’histoire qui va crescendo. D’abord assez sage, avec l’arrivée de Nicolas en France et sa découverte des mœurs révolutionnaires (privant, au passage, Belmondo des cascades qu’il affectionnait tant), elle s’emballe enfin lorsque le héros retrouve Charlotte au milieu d’un bal de nobles dans une cour de ferme. La caméra de Rappeneau se joint alors à la farandole qui emporte ses amoureux pour ne plus jamais les quitter, légère et virevoltante jusqu’au dernier plan du film.
Dans la lignée des grandes comédies romantiques, Jean-Paul Belmondo, plutôt sobre, compose un Nicolas Philibert aussi hâbleur que bagarreur face à une Marlène Jobert pétillante de malice et de fausse ingénuité. Tandis qu’autour d’eux, une magnifique troupe de comédiens s’en donne à cœur joie. De Pierre Brasseur au truculent Julien Guiomar. De Sim à Patrick Préjean en passant par Sami Frey, Laura Antonelli, Charles Denner et Patrick Dewaere dans un de ses premiers films.
Cinquante ans après sa réalisation, Les mariés de l’an deux demeure une référence et un classique du cinéma d’aventure français. Si vous ne le connaissez pas, invitez-vous à la noce. Vous ne serez pas déçus.