Sous le Premier Empire, les débuts difficiles, au sein de la police, d’un ancien bagnard, célèbre pour ses nombreuses évasions, qui va révolutionner les techniques d’investigations par sa connaissance inégalée du milieu du banditisme.
Voilà bien longtemps que le cinéma français ne nous avait pas régalés d’un film historique aussi ambitieux et réussi. Un grand film populaire comme on savait les faire autrefois en France, de Cartouche aux Mariés de l’an II en passant par Fanfan la Tulipe.
Alors si vous n’en pouvez plus des super-héros et des flics venus des USA, ce film est fait pour vous qui ressuscite Eugène-François Vidocq (figure historique emblématique dont les enquêtes et les méthodes défrayèrent la chronique sous Napoléon 1er) tout en faisant un beau clin d’œil au célèbre feuilleton des années 70 avec le fringant Claude Brasseur : Les nouvelles aventures de Vidocq dont on retrouve, ici, certains des personnages. La baronne Roxane de Giverny, joué par la séduisante Olga Kurylenko, n’est pas sans rappeler la baronne Roxane de Saint-Gély qu’interprétait la belle Danièle Lebrun dans la série télé. Tandis que le policier Dubillard, incarné par Denis Ménochet, renvoie à l’inspecteur Flambart campé, à l’époque, par Marc Dudicourt.
Entre grande et petite histoire, Jean-François Richet rend enfin l’hommage qu’il mérite au personnage romanesque qu’est Vidocq (n’a-t-il pas été source d’inspiration pour le Vautrin de Balzac ?) tout en le lavant de l’hideux affront numérique commis par Pitof en 2000 avec le consternant Vidocq.
Polar en costumes avec son lot de manigances, d’affrontements, de vengeances et de rédemptions, L’Empereur de Paris se donne les moyens de ses ambitions et offre une belle et sombre reconstitution de Paris au début du 19ème siècle avec son Arc de triomphe en construction, ses rues pavées et ses inquiétants bas-fonds. Un Paris dangereux où la violence peut surgir à chaque coin de rue. Une brutalité sèche que le cinéaste met en scène avec une indéniable habileté, si l’on excepte, en début de film, un combat entre bagnards plutôt moche et maniéré.
Dans le rôle de Vidocq, Vincent Cassel en impose avec une efficace sobriété, entouré d’excellents comédiens à trognes comme Denis Ménochet, Denis Lavant ou August Diehl qui apporte à son personnage de frère ennemi une intéressante ambiguïté. Sans parler de la beauté et du jeu convaincant de Freya Mavor découverte dans La dame dans l’auto avec des lunettes et un fusil.
Alors, même si le récit pèche par quelques longueurs propres à tout film d’exposition qui se doit de présenter personnages et situation, il faut bien reconnaître que L’Empereur de Paris est un film qui a de la gueule.
Vivement la suite !
Mince, la critique de Marcorèle est arrivée quelques heures trop tard, hier soir !
J’aurais voulu la lire avant d’aller au cinéma !
Car justement, hier soir, une fois ce film terminé, je me suis empressé de discuter d’autre chose avec ma dulcinée …
Et quand elle m’a quand-même demandé de lui dire ce que j’en avais pensé, j’ai eu envie de continuer à penser à autre chose pour ne pas laisser éclore ma déception. J’ai quand-même répondu « Grosses baffes sur fond de 19 ème siècle. Il n’y a pas grand chose à dire d’autre, je crois … ». Elle pense comme moi. C’est frustrant de sortir au ciné en croyant que nous allons voir un bon film qui va nous ravir et de nous retrouver ainsi pris en défaut.
Car c’est tout le problème de prendre le risque d’aller voir un film sans avoir pris l’assurance de lire préalablement quelques avis à son sujet.
Je conviens que les décors sont parfaits, comme les costumes et les acteurs. Mais cela ne nous suffit pas du tout. Nous ne voulions pas voir une espèce d’Assasin’s creed (achetez autant de jeux Ubisoft que vous voulez ailleurs que sur Amazon : C’est français !) avec Vidocq en guest star.
Nous espérions assister à un film sur Vidocq, qui nous aurait plongé dans cette époque troublée mais fondatrice de notre histoire. Nous sommes allés pour entrevoir les prémices de l’organisation policière aux mains d’un pouvoir chancelant.
A la place, nous avons une énième suite de bagarres tournées à la mode du jour, dont seuls les décors changent par rapport à un autre film d’action.
Les moments de pose sont très minoritaires. Ils consistent d’une part en moments romantiques sans grand intérêt, et fort heureusement d’autre part en quelques scènes entre Vidocq et l’autorité réticente à l’intégrer mais forcée d’apprécier ses méthodes et résultats.
En un mot, si vous voulez voir un film historique, fuyez ! Et si vous cherchez un film d’aventure sur fond de 19ème siècle, allez-y ! C’est manifestement le parti pris du réalisateur, et on peut comprendre qu’il souhaite vendre son film au plus grand nombre. Après tout, Vidocq était pragmatique !
A ce sujet, on ne peut que relever l’apparition excessivement furtive de Luchini dans la bande annonce, par rapport à son rôle plus conséquent dans le film. Cela témoignait sans doute de l’intention d’attirer plus les amateurs de spectacles que de sens.
Décidément, ceux qui s’intéressent à l’histoire n’ont plus qu’à se rabattre sur les livres ou sur des films tournés à une époque où l’on n’avait pas encore peur d’effrayer le chaland par quelques phrases un peu longues. (Sur Vidocq, on verra à profit « Le souper » d’Edouard Molinaro, sans autre fureur que les cris de la foule parisienne au-dehors, mais tellement fin …).
Qui peut dire en sortant de ce film, comment on se situe par rapport à la Révolution, l’Empire, la Restauration, la République ? Les pintes brandies par quelques soiffards sous les « Vive l’empereur ! » et le personnage du noble vendéen déchu ne suffisent pas à se faire la moindre idée, pas plus que le décor du Louvre ou l’apparition de l’Arc de triomphe … Pourquoi donc ne pas ajouter un peu d’histoire au décor dans la bouche des personnages ? Est-ce si rédhibitoire ?
Tu aurais mieux fait d’aller voir Astérix mon cher Poulain. Je te trouve bien difficile vis à vis de ce Vidocq. A critiquer ce genre de tentatives qui est pour moi plutôt réussie et change du tout venant de la production française, tu risques de laisser un boulevard aux films Zuès que tu affectionnes tant. Le film lorgne plus sur la série avec Brasseur (en plus sombre) que sur la réalité historique. Mais je n’ai pas boudé mon plaisir pour ma part. 😉
Je me suis simplement trompé en allant voir ce film : Nous espérions un film à tonalité historique sur une période qui nous intéresse de ce point de vue, mais ça n’en était pas un. C’est clairement revendiqué par le réalisateur, mais nous n’avions pas pris le temps de l’apprendre avant d’y aller (et donc de ne pas y aller, si nous avions été renseignés sur ce point). Pour ce qui est du reste, c’est effectivement honorable, je confirme !
Et puis, c’est moche d’être si souvent limité au seul choix entre des films étasunien ou français. Nous aimerions avoir, à chaque sortie, le choix entre des films d’au moins trois origines différentes. Même si un bon film est toujours bon, d’où qu’il vienne, même des Zuès ! Autrement dit, il serait tellement appréciable d’avoir toujours le choix entre plusieurs bons films, et si possible d’horizons plus divers.
Je suis bien d’accord. 🙂
J’ai bien envie de faire une blague, pour me moquer de POULAIN, mais ce qu’il dit sur l’occasion perdue de planter un peu mieux le film dans l’histoire est bien vrai.
On dirait que l’histoire devient un simple produit, dont on peut se servir d’argument de vente. D’ailleurs, les fréquents « Inspirés de faits réels » relèvent de la même logique.
Mais si l’histoire appartient à tout le monde, on peut néanmoins la respecter un peu, en allant un peu plus loin que le décor. L’histoire à autre chose à dire qu’un niveau de crasse ou de violence, un type architectural ou la mode vestimentaire …
Nous apprenons hier que 10% des Français ne savent pas ce qu’est la Shoah, et que 20% ne savent pas à quelle époque la Shoah a eu lieu ! On se moque volontiers des étasuniens et leur ignorance universelle, mais nous suivons le même chemin. Le sondage Ifop relève d’ailleurs expressément que les jeunes sont plus ignorants que les autres …
Je ne dis pas que c’est la faute du cinéma, ni de Jean-François Richet, mais à force de s’appliquer à ne pas déranger les gens avec du savoir, on finira par ne plus rien savoir du tout. Comment rester intelligent sans savoir ? Comment être un citoyen responsable sans savoir ? L’homme social n’a-t-il pas besoin d’un bagage minimum de savoir pour vivre avec les autres ? Et ceux qui savent un peu passeront-il bientôt pour des prétentieux arrogants dès qu’ils prétendront donner leur avis avec des idées plutôt que des émotions ?
Alors, j’en profite pour renouveler ma proposition pour la sortie DVD : Pourquoi ne pas profiter de la débauche de moyens nécessaires pour monter un tel film, pour ajouter en option, quelques scènes de fond, qui satisferont ceux qui ne peuvent se suffire du décor ? Car nous sommes prêts à supporter les bagarres si le film leur donnent un sens ! Un mixage alternatif un peu différent peut facilement alléger les bastons (pourquoi douze morts plutôt que six, on se le demande ?) au profit d’un peu de dialogues !
On pourrait même proposer deux versions dans les salles, comme on fait déjà pour les films en 3D : Une version spectacle, et une version sens ! Chacun choisira librement, sans jugement !
Ainsi, nous nous sauverons peut-être un peu de l’ignorance, et nous nous mettrons un peu à l’abris des clichés et des idées simples. Car Vidocq ne doit pas être réduit à un type à haut de forme qui tape dur ! Si chacun s’y met, cela doit être possible, non ?
Comme Poulain, je suis sorti de la salle avec une drôle d’impression. C’est vrai que les décors sont parfaits mais sans avoir trop réussi à dire pourquoi sur le moment, et encore moins maintenant, je n’ai été conquis ni par le film dans son ensemble ni par Vincent Cassel, qui en fait trop je trouve. Il ne me semblait pas crédible.