Affiche du film Le mécano de la General
Johnnie Gray a deux passions.
Sa fiancée, Annabelle Lee, et sa locomotive, la General.
Alors quand la guerre de Sécession éclate et que ses deux amours sont enlevés par des espions nordistes, le frêle mécanicien sudiste se lance, seul, à leur poursuite.
Petit bijou de l’époque du muet, Le mécano de la General est une œuvre majeure dans l’histoire du cinéma et pose les bases du film d’action moderne.
Savant mélange d’action, de guerre, de romantisme et de burlesque, le film de Clyde Bruckman et Buster Keaton préfigure les superproductions actuelles en ne lésinant pas sur les moyens à mettre en œuvre pour assurer le spectacle.
La scène de la locomotive chutant, du haut d’un pont, dans une rivière est considérée comme la séquence la plus chère de l’histoire du cinéma muet. Ici pas de maquettes, ni d’effets spéciaux numériques, mais des hommes prenant de gros risques pour le simple plaisir de divertir.

Photo de la chute de la locomotive
Des cascades périlleuses auxquelles Buster Keaton semble pourtant mettre un frein (au regard de ses précédents films) pour se concentrer sur la vitesse de son sujet.
Car Le mécano de la General est avant tout une œuvre en perpétuel mouvement – symbole d’une liberté visuelle qui disparaitra avec l’arrivée du parlant. Un mouvement incarné par les trains qui filent, se poursuivent et échappent sans cesse à la surveillance de leurs utilisateurs, illustrant au passage (avant Chaplin et Les temps modernes) l’un des thèmes cher à Keaton : celui de l’homme au prise avec des machines – ou des évènements – qu’il ne contrôle pas et dont il parvient à s’affranchir grâce à l’humour et à la poésie.
Plus qu’un film de guerre, Le mécano de la General aborde surtout la question de la séparation et de la réunification. Celle entre le nord et le sud, entre Johnnie et Annabelle et, plus basique, entre les wagons et leur locomotive. Des conflits absurdes qui ne trouvent leur résolution que par une suite de gags jouant à fond, eux aussi, la carte du non-sens.
Bref, malgré quelques blagues misogynes envers l’héroïne qui passe le balai dans la locomotive en pleine course-poursuite, ne vous laissez pas rebuter par l’étiquette désuète que l’on colle trop souvent aux films dits muets. Les superproductions actuelles leur doivent souvent beaucoup et ne cessent d’aller y puiser des idées.
Le mécano de la General est certainement une des sources d’inspiration de Gore Verbinski pour son dernier film : Lone Ranger, naissance d’un héros qui remet au goût du jour l’anti-héros lunaire et pince sans rire imaginé par Buster Keaton (ici interprété par Johnny Depp) et les poursuites en train trépidantes et déjantées.
Alors, si l’occasion se présente, n’hésitez pas à prendre le train en marche avec Buster Keaton et foncez, vous aussi, à la poursuite de la belle Annabelle.