Pendant la première guerre mondiale, un jeune lieutenant anglais fantasque est envoyé auprès du prince arabe Fayçal pour tenter de fédérer plusieurs tribus ennemies contre les Turcs.

Chef-d’œuvre du septième art, l’expression « film à grand spectacle » semble avoir été inventé pour Lawrence d’Arabie tant la beauté de ses images flatte l’œil à chaque plan.
Un film dont le rythme et la longueur, 3h36, conviennent parfaitement au grand écran, seul à même de rendre pleinement justice à la magnificence du spectacle porté par les envolées musicales de Maurice Jarre qui sont de véritables appels au voyage.
Loin d’être une hagiographie, le film de David Lean surprend par la subtilité de son propos et intrigue par la vision ambiguë qu’il donne de Thomas Edward Lawrence, soldat fantasque dont les agissements s’avèrent aussi rationnels que déconcertants. S’intéressant aux exploits diplomatiques et guerriers qui ont forgé sa légende, le cinéaste se penche également sur sa face trouble, servi par l’impeccable prestation de Peter O’Toole qui, avec ses yeux d’un bleu azur, donne de son personnage, aussi immature que plein d’assurance, une interprétation complexe. À ses côtés, la distribution est également parfaite, de Omar Sharif à Anthony Quinn en passant par Alec Guinness, même si l’on peut s’amuser du choix d’acteurs européens pour incarner certains des protagonistes arabes.

Entre autres bizarreries, on notera que le récit est dénué de personnage féminin et que les batailles, qui visiblement intéressent peu David Lean, sont mises en scènes comme de grandes fantasias, notamment lors de la reconstitution de la bataille d’Aqaba. Plus qu’un film de guerre, Lawrence d’Arabie est, avant tout, un somptueux film d’aventure en forme de portrait intime. Une indéniable réussite.