Horace Tumelat, leader du parti RAS à l’assemblée nationale, apprend la mort de son vieil oncle. À la recherche d’une lettre expliquant les raisons de son suicide, le politicien découvre un secret gênant pour sa carrière, bien dissimulé dans le pavillon de banlieue du défunt. Dès lors, il va devoir naviguer entre flic vicelard, journaliste fouille-merde, maître-chanteur et secrétaire nymphomane…

Contrairement au nom du parti d’Horace Tumelat, on ne peut pas dire qu’il n’y ait Rien À Signaler devant cette satire politique vacharde et cynique. Sous le chapeau du politicien au passé trouble, parfaitement incarné par Victor Lanoux, on pourrait reconnaître une sorte de François Mitterrand qui serait resté de droite tandis que le cinéaste s’amuse, avec le concours de Frédéric Dard, a dressé un portrait bien noir de la politique et des politiciens.
– Au milieu des invectives de l’assemblée, je me suis brusquement demandé : Y a-t-il un Français dans la salle ? Un seul, un vrai !
– Dites donc, les leçons de civisme d’une crapule, vous voyez où je me les mets ?
– Je regrette mais, vous n’êtes plus de France, mais de politique. Votre bannière, c’est la Sofres, votre patrie, c’est… C’est la télévision.
Rien qui n’a beaucoup changé aujourd’hui. Ou alors, en pire.
Comparé à Un linceul n’a pas de poches qui avait plus de tenue dans son approche politique, Y a-t-il un Français dans la salle vire souvent à la gaudriole. Une étonnante grivoiserie qui, si elle préfigure Les saisons du plaisir, n’aurait plus sa place sur nos écrans bien-pensants tant Mocky n’y va pas avec le dos de la cuillère. Notamment avec Jean-François Stévenin en flic amateur de travesti et de vieille dame. Il faut le voir s’amuser à attraper des minous par le cou et les balancer en l’air pour se dire que le cinéaste aurait certainement maille à partir aujourd’hui avec toutes les associations de défense des animaux.
Cette satire, plus dégagée qu’engagée, bénéficie heureusement de dialogues percutants où le patronat français en prend régulièrement pour son grade, comme lors de cette savoureuse conversation entre Tumelat et sa secrétaire qu’interprète avec gourmandise Dominique Lavanant.
– Annulez tous mes rendez-vous !
– Mais enfin, monsieur le président ! Le maire de Paris, le patronat…
– Je les encule !
– Est-ce que je peux vous être utile ?

Outre les dialogues, l’autre point fort du film reste sa phénoménale distribution (de Michel Galabru à Jacques Dufilho en passant par Jacques Dutronc) où brille la performance de Jacqueline Maillan, impayable en vieille femme amatrice de minous subissant, à son corps pas si défendant, les assauts d’un flic gérontophile.
Dommage que la farce finisse par tourner court, le cinéaste préférant s’attarder sur une romance mal fagotée et conclure son film sur un épilogue un peu bâclé. Pas de quoi bouder, pour autant, son plaisir devant cette comédie politique gonflée qui prônait crânement sur son affiche : Sexualité, Égalité, Fraternité. Tout un programme !