Criblé de dettes et sa femme sur le point d’accoucher, Sami accepte un poste de gardien de nuit dans un grand magasin parisien appartenant à l’homme le plus riche de France. C’est là qu’il va croiser la route du fils de son patron qui le choisit comme son nouveau jouet.

Mauvaise pioche que cette adaptation du Jouet de Francis Veber. De la comédie grinçante qui mêlait habilement satire sociale et familiale, James Huth tire un film bien-pensant et consensuel qui réussit le triste exploit d’éviter les propos qui fâchent sur des sujets pourtant bien dans l’air du temps. La mainmise de riches hommes d’affaires sur des groupes de presse afin d’orienter l’opinion ainsi que la fine réflexion sur la servitude face au pouvoir laissent uniquement place à une vague critique du laxisme parental et de la tyrannie de l’enfant roi à laquelle James Huth s’empresse de trouver des circonstances atténuantes. Le gosse de riche se conduit mal parce qu’il a perdu sa mère et son père est loin d’être aussi détestable que l’était l’impérial Michel Bouquet. Incarné par Daniel Auteuil, le milliardaire sans scrupule devient simplement un pauvre bougre incapable de montrer ses sentiments. Dans ce contexte, la plupart des gags issus de l’œuvre originale (de la visite express de la demeure en petite voiture de course, à la scène de baignoire en passant par la réception perturbée par l’enfant et son jouet) tombent à plat, le scénario s’en tenant à un humour bon enfant qui ne fâchera personne. Conçu comme un produit standardisé, le film du réalisateur de Brice de Nice surfe sur la facilité et la tchatche de Jamel Debbouze pour cocher toutes les cases de l’humour politiquement correct que recherchent les télévisions pour des diffusions aux heures de grandes écoutes. Avec sa cité de banlieue presque idyllique, sa thérapie familiale par le foot et ses grévistes caricaturaux à souhait, le cinéaste se voudrait fédérateur alors qu’il véhicule en permanence de drôles de valeurs bling-bling (la chambre de l’enfant perd en poésie ce qu’elle gagne en luxe tapageur) et met surtout en avant le puant attrait de tous ses personnages pour l’argent et les moyens d’en gagner facilement.
Fans du film de Pierre Richard et de la belle musique de Vladimir Cosma, remplacée ici par les sempiternelles chansons anglo-saxonnes en vogue, inutile du vous précipiter vers ce Nouveau jouet qui préfère, au moule artisanal de l’original, le côté aseptisé du produit industriel de grande consommation : à jeter une fois utilisé.