Yaya, une influenceuse radine un peu cucul, est invité avec Carl, son con-con de copain mannequin, à faire une croisière de luxe sur un yacht rempli de riches égocentriques pas trop futes-futes. Mais l’arrivée d’une tempête va rendre le séjour plus olé olé que prévu et redistribuer les cartes.

Démarrant sur le portrait loufoque de deux influenceurs aussi bavards que superficiels, le film brocarde avec finesse l’univers étriqué des « vedettes » des réseaux sociaux (moins soucieux des autres que de leurs petites personnes) pour virer, dès qu’arrive la croisière, vers un portrait au vitriol des nantis et des fausses célébrités que Ruben Östlund renvoie dos à dos.
Ces êtres qui semblent vivre hors du monde, loin des contingences matérielles du commun des mortels, le cinéaste les étudie comme un ethnologue, s’amusant, hélas trop longuement, à les écouter parler ou à les voir agir inconsidérément. Tout cela pour en arriver à sa démonstration principale : les gens riches n’ont vraiment rien d’exceptionnel. Voyez, ils vomissent et se chient dessus, comme tout le monde, dès que leur yacht est un peu trop secoué. Une démonstration outrée qui fait passer les excès de dégueulis des Monty Python, dans Le sens de la vie, pour un humour frais et léger. Car si la situation amuse vraiment dans un premier temps, la durée inconsidérée de la tempête, et de ses désagréments, finit par transformer le récit en un complaisant jeu de massacre plus qu’en une brillante dénonciation du comportement des gens de pouvoir. Le cinéaste tente bien de noyer le poisson en entrecoupant son film de considérations politiques et de citations historiques, proférées par le capitaine du navire, histoire de donner à l’ensemble des airs intelligents. En vain. D’autant que la dernière partie de ce long voyage en eau trouble, qui voit s’opérer un renversement de valeur en situation de crise, tire également à ligne jusqu’à devenir aussi indigeste que les bretzels boulottés en cachette par les protagonistes. Et que dire du dernier plan, tout bonnement incompréhensible ?
Sans filtre ? Le film l’est assurément.
Mais, à trop d’excès sans personnages attachants, le procédé finit vite par se saborder.