Affiche du film Fantôme d'amour
A Pavie, Nino croise dans un bus une vieille femme qui semble le connaître.
Le soir même, l’inconnue lui téléphone. C’est Anna, son grand amour de jeunesse dont le beau visage est aujourd’hui abîmé par la maladie. Troublé et effrayé, Nino raconte sa mésaventure à de vieux amis. L’un d’eux lui apprend qu’Anna est morte depuis trois ans…
Fantôme d’amour tient une place à part dans la filmographie de Dino Risi.
Loin de ses fameuses comédies qui ont fait sa réputation, le cinéaste s’essaye ici au drame sentimental qu’il aborde sous l’angle de la folie et du fantastique.
C’est d’ailleurs cet éclairage particulier qui semble l’avoir le plus intéressé car le film a du mal à convaincre lorsqu’il aborde la romance passée entre Nino et Anna, présentée sous forme de petits flashbacks répétitifs surlignés par la même petite rengaine. Même les retrouvailles entre les deux anciens amants manquent étrangement de passion et de désir.
Pourtant, malgré ses défauts évidents, Fantôme d’amour possède un indéniable charme et un réel pouvoir de fascination dès qu’il flirte avec le fantastique.
Dino Risi compose des plans qui marquent durablement les esprits, comme l’apparition fugace du visage d’Anna au fond d’une rivière, et soigne tout particulièrement ses ambiances pour illustrer les états d’âme de son héros.
Les ruelles nocturnes et brumeuses de Pavie où s’égare, physiquement et mentalement, Nino à la recherche de son amour d’antan illustrent de façon remarquable la perte de repères du personnage.
Des scènes qui s’inscrivent dans toute une vague du cinéma fantastique italien des années 60/70 où le surnaturel surgissait du quotidien et où le travail sur la lumière permettait de faire naître les zones d’ombre des personnages. (On pense à certains films de Mario Bava ou à La maison aux fenêtres qui rient de Pupi Avati). L’anodine visite du château d’Anna et la promenade en barque – où Nino devient une sorte de passeur entre le monde des vivants et celui des morts, entre la raison et la folie – sont d’ailleurs parmi les séquences clefs de ce film envoûtant.
Face à Marcello Mastroianni, parfait en homme hanté par le souvenir de son amour perdu, Romy Schneider livre une interprétation émouvante et équivoque de la belle Anna. Une composition d’autant plus troublante que c’est là un de ses derniers rôles.

Visage d'Anna dans la rivière
Et si certains personnages secondaires (comme ce moine défroqué auprès de qui Nino vient chercher conseil) frisent la caricature, ils ne parviennent pas à nuire à l’esprit du récit et à la volonté du cinéaste de ne pas donner de réponses toutes faites aux questions que l’on se pose.
Anna est-elle un véritable revenant ou l’hallucination d’un homme malade ?
Dino Risi ne tranche pas et laisse chacun à son interprétation et à ses propres fantômes.