
Un policier est chargé d’enquêter sur la mort d’un alpiniste et soupçonne rapidement la femme de ce dernier. Mais son irrésistible attraction pour elle va troubler son jugement au point de mettre en péril ses investigations.
Décision to leave a bien mérité son Prix de la mise en scène à Cannes tant chaque plan, où l’invention le dispute au raffinement, est un régal pour l’œil. Le cinéaste sait également séduire lorsqu’il tente de prendre à contre pied ses spectateurs par un ton résolument décalé ou lorsqu’il met en scènes certaines séquences avec son habituelle maestria, notamment cette singulière course poursuite à pied qui laisse ses trois protagonistes à bout de souffle.
Malheureusement, le scénario, qui lorgne sur Sueurs froides d’Alfred Hitchcock, convainc beaucoup moins. Difficile de mêler polar et romance quand l’intrigue est inutilement alambiquée et qu’elle perd de son intérêt à mesure que le film s’étale… sur près de 2h20. D’autant que la tension amoureuse entre les deux amants est assez peu palpable à l’écran et que leur romance, teintée de manipulation, ressemble plutôt à une opportune note d’intention.
Bref, mieux vaut prendre la décision de partir pour retourner voir le précédent film de Park Chan-Wook, Mademoiselle, dont chaque nouveau visionnage est un enchantement.
Je trouve que « Décision to leave » vaut quand même le coup d’œil.
Visuellement, je suis d’accord avec toi. Mais j’avoue qu’une certaine torpeur a fini par me gagner, d’autant que l’intrigue ne m’a pas vraiment convaincu. 🙂
J’avoue que j’avais pas trop aimé Mademoiselle donc je suis pas très tentée ^^
Comment peut-on réussir à faire poser une mouche sur un œil ouvert ?
C’est un vrai mystère, ça !
Cette scène apparaît vers la fin de la bande annonce, et la question de sa réalisation me préoccupe immanquablement.
Survolons les trois acteurs en présence :
Que la mouche ait envie de se poser sur un œil, je veux bien …
Que la camera tourne en continue jusqu’à ce que l’instant se produise, passe encore …
Mais que l’œil ne se ferme pas avant l’aoeuillissage complet de l’insecte ; ça, j’ai beaucoup de mal à l’envisager !
Mais sans doute que le film apporte une explication à ce mystère ! Ce me semble une bonne raison de décider de partir voir DECISION TO LEAVE.
Et puis, j’aime bien l’affiche.
Evidemment, le scénario général du film n’a rien de révolutionnaire.
C’est donc dans la réalisation qu’apparaît la subtilité, la finesse ou la profondeur qui peuvent nous enchanter.
L’intrigue peut s’enrichir et la relation des deux protagonistes s’étoffer au fil du film, et il ne faut pas lâcher à la fois l’action et l’émotion qui sont deux câbles parallèles d’un pont suspendu au-dessus de l’ennui ou de l’abandon d’attention du spectateur, comme le rêveur qui aurait le choix de se réveiller à chaque instant en quittant son film intérieur …
Quel talent rare faut-il pour réussir à concevoir cet équilibre en ayant pour juge ou critique les spectateurs du monde entier, avec chacun sa culture, ses émotions, son vécu, ses attentes, son humeur … C’est un métier difficile que de plaire par l’image animée pendant deux heures vingt de temps. Une performance exceptionnelle, il faut bien le reconnaître.
Alors, avec DECISION TO LEAVE, Park Chan-Wook semble avoir tenu pleinement Marcorèle jusqu’au milieu du pont, mais la romance a lassé alors notre critique favori ; qui s’est mis a analyser en direct au lieu de suivre passivement et remettre à plus tard ses réflexions.
Je serais certainement comme Marcorèle en bien pire, si je savais dès le début qu’après le film, je mettrais sur l’écran mes pensées. Je serais forcément troublé dans mon rôle passif de spectateur. Heureusement pour moi, je ne suis pas Marcorèle, et tant que le film ne m’insupporte pas, je le consomme tranquillement de mes yeux, mes oreilles et mon cerveau jusqu’à la fin. C’est seulement ensuite, en m’éloignant de la salle, que je prends du recul.
Merci toujours Marcorèle, pour ce sacrifice que vous nous offrez de votre innocence pour partager avec nous votre lucidité, magnifiée par votre belle maîtrise des mots.