1968, le sergent Clell Hazard, vétéran de la guerre de Corée, dirige un bataillon de parade à Washington qui officie au cimetière militaire d’Arlington. Jour après jour, ce bataillon a la lourde charge de s’occuper de l’inhumation des soldats morts au Vietnam.
Désabusé par cette guerre à laquelle les jeunes recrues ne sont pas préparées, le sergent va tenter de dissuader le fils d’un vieil ami, fraîchement muté dans son unité, de partir se battre.

Film de guerre sans combats, si ce n’est ceux que l’on aperçoit dans des reportages diffusés à la télévision, Jardins de pierre se situe à l’opposé de la violence grandiloquente d’Apocalyse Now. Il offre une approche simple et sensible, un peu bavarde également, d’un conflit armé tout en évitant l’aspect spectaculaire propre au genre.
En abordant, de manière inédite, le deuil des familles et le traumatisme des soldats (vétérans ou non) cantonnés à l’arrière, Francis Ford Coppola dresse le portrait d’une nation divisée par la guerre du Vietnam. Même s’il n’hésite pas à la montrer globalement taraudée par le doute, quant au bien-fondé de ce conflit, et ce jusque dans les rangs de l’armée. Malheureusement, hormis quelques petites pointes antimilitaristes, le film, qui a bénéficié de l’aide des forces armées des États-Unis, fait aussi l’apologie de la vie du bidasse. On y retrouve d’ailleurs nombre de poncifs : du jeune soldat idéaliste et va-t-en-guerre au fameux esprit de corps qui naît face aux brimades et aux inspections vachardes menées par des sous-officiers bourrus mais compréhensifs. Et c’est avec grand soin que Coppola filme ces enterrements militaires organisés par des soldats de parade aux tenues nickel et aux gestes ridiculement millimétrées. Sans doute qu’à travers la captation maniaque de tout ce décorum, le cinéaste cherchait à rendre hommage à l’un de ses fils disparu dans un accident en 1986.
Peu connu mais bénéficiant d’une distribution de qualité, Jardins de pierre, malgré quelques longueurs, est une œuvre émouvante marquée par le deuil ainsi que par l’amour quasi filial qui unit le sergent, parfaitement incarné par James Caan, à sa jeune recrue.