
Dans la nuit noire de Gotham City, ville gangrenée par une sombre corruption, le ténébreux Batman crie : « Vengeance ! ». Jusqu’à ce qu’il se retrouve confronté à une série de crimes à la noirceur aussi obscure que les énigmes qui les accompagnent.
Sous la houlette de Matt Reeves (à qui l’on doit les deux derniers films de l’excellente trilogie de La planète des singes), Batman se réinvente et retrouve une nouvelle jeunesse en suivant la voie « réaliste » tracée par Todd Phillips et son Joker. Une approche originale qui a le bon goût de nous épargner la genèse traumatique du chevalier noir de Gotham et d’entrer directement dans le vif du sujet, tout en actualisant le personnage qui a délaissé son fameux manoir pour venir vivre au milieu du crime, dans une tour du centre-ville.
Un justicier masqué revisité qui ne fait pas que se battre mais possède aussi des talents d’enquêteur – et de roi du rébus – auxquels il laisse libre cours dans une intrigue à l’ambiance aussi poisseuse que pluvieuse. Une originalité qui a quand même un petit goût de déjà-vu, avec un scénario et une atmosphère qui en font une sorte de calque aseptisé de Seven destiné aux grands adolescents. Et si les scènes d’action sont assez « stylées », comme on dit aujourd’hui, elles manquent souvent de lisibilité, plombées par un montage haché et une image trop sombre.
Dans le rôle titre, Robert Pattinson s’avère plutôt convaincant grâce à une mâchoire carrée qu’il desserre rarement et un costume qu’il ne quitte pratiquement jamais, en dépit de la longueur, un peu exagérée, du film. Heureusement, cela dit, car, dès qu’il tombe le masque, l’interprétation qu’il donne de Bruce Wayne brille surtout par un impressionnant manque de charisme qu’il tente, cette fois, de compenser par du maquillage noir autour des yeux et une dégaine lorgnant sur celle de Robert Smith de The Cure. Bref, c’est loin d’être le Nirvana annoncé musicalement pendant le film. L’acteur peut, toutefois, compter sur la solide distribution qui l’entoure ainsi que sur la performance trouble de Paul Dano dans le rôle de l’homme mystère.
Loin de démériter, The Batman a le mérite de rendre ses lettres de noblesse à un personnage qui battait plutôt de l’aile, plombé par plusieurs années de Zack Snydâneries. Que Matt Reeves en soit remercié.
Vu le battage fait autour de ce film, sans doute attendu par beaucoup et bénéficiant d’une promotion massive pour réveiller les hordes de spectateurs, j’avais déjà entendu parler de THE BATMAN.
Même le titre est une publicité, dont le principe de l’article introductif en english devrait nous convaincre de la qualité comme chez BMW …
En tous cas, les moyens sont mis, à tous les échelons pour créer un succès.
A force de moyens, nous pourrions nous attendre à un produit de grande qualité, d’un retour sur investissement satisfaisant.
Sans doute que le nombre de billets vendus, retenu comme unique critère de qualité dans l’industrie cinématographique étasunienne, prouvera que le coup est réussi.
De ce côté-ci de l’Atlantique, nous continuons de nous intéresser à la qualité. Ce qui est plus complexe et demande de la capacité d’analyse.
J’avais donc déjà entendu des commentaires partagés sur THE BATMAN. On avançait notamment le caractère sombre comme une qualité. Je ne sais pas pourquoi. Peut-être que d’autres opus étaient plus gnangnan et que la noirceur du dernier tient lieu de profondeur ou de maturité ? C’est possible.
Pour ce qui est de la distribution, des décors, du bruit, des scènes d’action numériques, c’est sans doute très bien fait, puisqu’aucune fantaisie n’aura été permise afin de ne jamais s’écarter du cahier des charges et entretenir la licence dans l’attente du prochain produit.
C’est donc du côté de l’interprétation, du scénario et de l’humeur, l’état d’esprit qu’il faut probablement se tourner pour juger de ce énième BATMAN.
De ce côté-là, il semble que les gens soient partagés. Marcorèle aussi est partagé, oscillant systématiquement entre le début et la fin de sa phrase entre doute et satisfaction.
J’interprète cette indécision comme une sorte de lassitude vis à vis de la franchise : Et si on en avait marre du justicier masqué aux oreille pointues. S’il avait fait son temps ?
Pourquoi est-il impossible d’interrompre une série interminable ? La réponse suffisante est-elle dans la question ? Ou est-ce simplement une question d’argent, puisque nous savons depuis longtemps qu’il vaut mieux traire interminablement le même bovin que de tenter d’en créer un autre ?
Je me tiens à distance de BATMAN depuis toujours, n’étant sans doute pas assez « grand adolescent », mais le phénomène mérite qu’on s’y intéresse, dans sa dimension évolutive, pour tenter d’y déceler quelque chose de l’évolution de nos attentes.
Apparemment, HOLLYWOOD considèrerait que nous sommes en mal de rébus, d’enquêtes et surtout de noirceur et de perversité des méchants.
Quelle époque !
J’ai adoré ce film 🙂 ! Les acteurs, la réalisation, le scénario, la musique …