Un car de tourisme est retrouvé au fond d’un lac avec tous ses occupants.
Accident de la route ou sombre complot d’État ? C’est ce que va tenter d’élucider Amanda, jolie vieille fille travaillant dans un musée, pour tenter de protéger son neveu qui a mis à jour la supercherie.

Avec ses surprenantes têtes d’affiche (Deneuve, Bohringer et Arditi), Jean-Pierre Mocky parvint à semer le trouble parmi les critiques de l’époque, certains voyant dans ce film une « réussite Hitchcockienne ».
Une analyse qui prête aujourd’hui à sourire car si Mocky prouve qu’il n’a pas son pareil pour composer des ambiances étranges (grâce à des décors originaux et à de judicieux placements de caméra) ou donner vie à des personnages atypiques (comme cette employée boiteuse amoureuse de l’antiquaire incarné par Richard Bohringer), il bâcle rapidement son intrigue. Le cinéaste va jusqu’à enterrer tout suspense pour mieux cultiver ses petites marottes et sa galerie de personnages à trognes qui ont, ici, pour point commun leurs frustrations sexuelles. Des zobs sessions un peu gratuites auxquelles se prête volontiers la belle Catherine Deneuve. Curiosité de l’étape dans un rôle à contre-emploi, elle n’hésite pas à se caresser un sein (que l’on ne saura voir) ou à s’enlaidir (en vain) pour son metteur en scène qui l’affuble de lunettes et d’une ridicule coiffure bouclée. Mais cela ne suffit pas à sauver le film d’une certaine torpeur. L’enquête d’Amanda se fige progressivement dans l’atmosphère enneigée qui sert de cadre au dernier tiers du récit et la satire politique semble bien factice. Même Dominique Lavanant et Sylvie Joly, pourtant en parfaite osmose avec l’humour potache du réalisateur, ne parviennent pas à réchauffer nos zygomatiques.
Mieux vaut revoir Le Miraculé, sorti en salles la même année. Mocky, beaucoup plus inspiré, y réunissait, pour la dernière fois, le tandem Michel Serrault et Jean Poiret et renouait enfin avec l’esprit grinçant (dans le fond comme dans la forme) de ses débuts.