James Bond a quitté les services secrets pour aller roucouler avec Madeleine Swann, la fille d’un de ses anciens ennemis, qu’il soupçonne bientôt de l’avoir trahi. Dépité, il se réfugie à la Jamaïque (dans une luxueuse maison de bord de mer, ouverte à tous vents, qu’aurait certainement validé Stéphane Plaza) où, cinq ans plus tard, Félix Leiter vient le trouver. Son ami, et collègue de la CIA, a besoin de son aide pour sauver un scientifique qui vient d’être enlevé alors qu’il travaillait sur la mise au point d’armes technologiques.

25e aventure de James Bond et cinquième permis de tuer pour Daniel Craig.

Dernier chapitre de l’ère Daniel Craig, Mourir peut attendre confirme qu’après un début en fanfare, avec Casino Royale, cette vendetta en cinq parties n’aura finalement été qu’une suite de désillusions, jusqu’à ce film flingué par une posture très (trop ?) politiquement correcte pour être honnête. À défaut de déménager le scénario fait le ménage. Mais en voulant transformer Bond selon les préoccupations du moment (le héros doit forcément avoir un passé traumatique) et en cherchant à lutter contre les clichés inhérents à la saga (A bas le machisme, vive le féminisme), le film de Cary Joji Fukunaga tombe dans d’autres stéréotypes tout aussi gênants (les femmes ne sont qu’un décalque de leurs homologues masculins tandis que l’humour balourd et le patriarcat reviennent insidieusement en force). Après avoir commencé dans le Durdur, quelle tristesse d’assister à la chute de Daniel Craig, acteur charismatique dont la dernière mission se termine dans le doudoux.

C’est Bond !

– Un pré-générique qui se termine par une course-poursuite haletante en Italie, après un hommage à l’une des meilleures James Bond girls : Vesper alias Eva Green.
– Le retour de Félix Leiter porté disparu depuis Quantum of Solace.
– L’utilisation de la chanson de Louis Armstrong, We have all the time in the world, tirée du film Au service secret de sa Majesté.
– L’épatante présence de Ana de Armas dont l’humour fantasque et la vitalité font instantanément d’elle la vraie James Bond girl du film. Elle forme un joli tandem avec Daniel Craig.

C’est pas Bond !

– En ouverture du pré-générique, le sang ne s’écoule plus sur le canon du pistolet vers lequel tire Bond. Chocking !
– Un pré-générique qui démarre, en Norvège, sur un drame de pacotille.
– Le retour de la James Bond girl de l’opus précédent, incarnée par l’insipide Léa Seydoux (en mode morve et larmes) dont on ne comprend pas ce que l’espion de sa Majesté peut bien lui trouver.
– L’utilisation de la musique tirée du film Au service secret de sa Majesté qui donne déjà une idée de la tournure que va prendre le film.
– La chanson du générique plus susurrée que chantée, dans un feulement de chat asthmatique, par une Billie Eilish au bout de sa vie.
– La présence anecdotique d’Ana de Armas. Formidable James Bond girl dont l’évident potentiel est à peine exploité (les producteurs semblent vraiment avoir perdu leur flair…).
– Les deux méchants les plus ridicules de la saga réunis dans le même film. D’un côté, le retour de Christoph « Coucou » Waltz de nouveau pris en flagrant délit de cabotinage et, de l’autre, la contre-performance neurasthénique d’un Rami Malek inexpressif qui donne l’impression d’assister à James Bond 007 contre Mr. Robot.
– Le prénom pas Safin du méchant Lyutsifer.
– Un problème d’écart d’âge entre le personnage incarné par Léa Seydoux et celui joué par Rami Malek. Alors qu’adultes ils ont à peu près le même âge, Safin semble beaucoup plus âgé quand il vient demander des comptes à la famille de la jeune Madeleine. Les responsables du casting ont-ils bien lu le scénario ?
– Les histoires de famille qui prennent le pas sur les aventures d’espionnage.
– Un féminisme et un combat pour les minorités de façade avec une femme noire pour incarner le nouveau 007. N’en jetez plus, la culture woke est pleine.
– Le rabibochage express de Bond avec M.
– Des adversaires qui tirent comme des pieds face à un Bond qui fait mouche à tous les coups et reste monolithique même quand il se prend une balle perdue.
– Le combat final dans un escalier, guère palpitant et aussi répétitif qu’un jeu vidéo.
– La fin gnangnan.

Permis de tuer

Ôté, Ad vitam æternam, à ce Mourir peut attendre dont les adieux, aussi longs que décevants, nous font carrément déBonder.