1825, en Tasmanie. Une jeune bagnarde irlandaise violée à deux reprises par des soldats britanniques, pendant que l’on trucidait son mari et son bébé, décide, avec l’aide d’un guide aborigène, de poursuivre ses agresseurs afin de se venger. Un dangereux périple en terre hostile commence…

Viscéral, radical, primitif. Que de grands mots et de qualificatifs pompeux utilisés pour célébrer ce bête film de vengeance où la réalisatrice se regarde filmer au format 4/3 : un cadre carré censé rendre le caractère étouffant des paysages traversés et que certains considèrent, aujourd’hui, comme un indubitable gage de film d’auteur. Jennifer Kent a au moins le bon goût de nous épargner le noir et blanc, sans doute moins esthétique quand il s’agit de s’attarder sur un lever de soleil ou de savourer, avec un air faussement horrifié, un visage éclaboussé par le sang d’une tête défoncée. Mettant sur un même plan l’asservissement des femmes et celui des aborigènes, cette interminable traque ne fait en rien avancer la cause féministe, ni la lutte contre le racisme ou l’esclavagisme, d’ailleurs. Elle dénote surtout une propension inquiétante, en vogue chez d’autres réalisateurs comme Ari Aster ou S. Craig Zahler, à se délecter d’une forme de violence complaisante entre deux réflexions politiquement correct. The Nightingale ou comment s’offrir une bonne conscience tout en flattant ses bas instincts. Navrant.