Affiche du film Outrage
Outrage sonne, pour Takeshi Kitano, comme un retour aux sources. Celui à l’univers des yakuzas qui l’a rendu célèbre et qu’il n’avait plus abordé depuis Aniki, mon frère en 2000.
Des retrouvailles qui diffèrent pourtant de ses œuvres précédentes. Le cinéaste abandonne ici la veine sensible de son cinéma pour se concentrer sur les multiples trahisons et règlements de compte entre clans mafieux, orchestrés par un Parrain qui applique à la perfection la célèbre stratégie : « Diviser pour mieux régner ». Un jeu de massacre que Kitano teinte constamment d’humour (noir) et de distanciation. Devant sa caméra, les assassinats divers et variés ne se produisent jamais comme on l’attend, le cinéaste s’amusant tantôt à prendre du recul pour réduire un meurtre à bout portant à un simple coup de feu, tantôt à faire couler le sang de manière inattendue. Des affrontements frontaux ou larvés qu’il capte au plus près des comédiens ou de loin, perdus au milieu de magnifiques plans larges de paysages qui rendent encore plus dérisoire toute cette agitation.
Derrière son habituel personnage de tueur impassible et désabusé, Kitano aborde également en filigrane la question de l’affrontement des générations (entre d’anciens truands attachés à des codes d’honneur souvent absurdes et des jeunes qui ne respectent plus rien) et de la corruption de la police qui se contente de compter les points entre bandes rivales tout en empochant leurs pots de vin.
Sans renouveler la filmographie du réalisateur, Outrage prouve au moins que ce dernier n’a pas perdu la main pour mettre en scène ses polars rigolards pleins de désespoir.