Affiche du film Le dernier face à face
Un professeur d’histoire venu soigner ses problèmes de tuberculose sous le soleil du Texas est pris en otage par Beauregard Bennett, un dangereux hors-la-loi en fuite. Entre l’érudit et l’illettré, que tout oppose, va naître une admiration réciproque jusqu’à ce que leurs parcours divergent…
Le western italien ne se résume pas aux films de Sergio Leone et à Mon nom est personne. D’autres cinéastes ont marqué le genre de leurs empreintes durant la dizaine d’années où il a prospéré en Italie. Deux Sergio, notamment.
Le premier, Sergio Corbucci, réalisateur de Django (qui inspirera le Django Unchained de Quentin Tarantino) et du très pessimiste Le grand silence.
Le second, Sergio Sollima qui a mis en scène ce film surprenant qu’est Le dernier face à face. Surprenant car derrière les caractérisations manichéennes de personnages très typés, presque grimés (assez proches des stéréotypes que l’on peut croiser dans la commedia dell’arte), passe, en filigrane, un discours captivant sur le dangereux mélange de la violence et de l’intelligence, ainsi qu’une réflexion sur le libre arbitre.

Photo du film Le dernier face à face Crédit Wild Side

Un sous texte passionnant, développé avec le fameux scénariste Sergio Donati, qui enrichit le film et fait évoluer, de façon inédite, les caractères des différents protagonistes qui, de simples caricatures, se transforment en êtres ambigus aux réactions imprévisibles. Les rôles des deux personnages principaux allant jusqu’à s’intervertir à mi-parcours.
Pourtant, même si elle évite intelligemment de s’attarder sur les tueries, la mise en scène fonctionnelle de Sollima ne parvient pas toujours à transcender ces thèmes et ces idées, desservie par un Tomás Milián peu expressif à l’apparence ridicule (longs cheveux bruns et moustaches), ou par un William Berger au jeu nonchalant et pataud.
Reste la prestation inspirée de Gian Maria Volontè. Parfait en idéaliste exalté qui se transforme, au contact de la violence, en redoutable chef de guerre cynique et autoritaire. Ainsi que la musique d’Ennio Morricone qui apporte, in fine, une belle ampleur tragique au film.
Atypique et plutôt déconcertant, Le dernier face à face mérite d’être (re)découvert et réévalué, notamment pour ses partis pris scénaristiques radicaux qui le hissent au-dessus des sentiers balisés et poussiéreux du tout venant de la production westernienne italienne.

Photo du visuel du coffret Le dernier face à face
Wild Side propose à partir du 4 juillet 2018 une belle édition restaurée du Dernier face à face qui rend pleinement justice aux magnifiques prises de vue de ce western
Ce coffret collector Blu-ray / DVD est agrémenté d’un livre faisant un état des lieux du western européen et qui revient sur la création du film avec de nombreuses photographies.
Une édition indispensable qui propose, outre un entretien avec Jean-François Giré spécialiste du western européen, une version longue et essentielle de ce film injustement mutilé lors de sa sortie en France.