Affiche du film Little Big Man
Un vieil homme de 121 ans raconte à un journaliste les tribulations tragi-comique de son existence.
Seul blanc rescapé de la bataille de Little Bighorn en 1876, Jack Crabb fut adopté dans son enfance par une tribu Cheyenne qui lui donna le nom de Little Big Man.
Épopée picaresque, Little Big Man revisite la conquête de l’Ouest sous l’angle de la petite Histoire au travers du destin d’un anti-héros balloté par les grandes mutations de son époque. Des évènements tragi-comiques dont il parvient à se sortir par lâcheté mais aussi, le plus souvent, par une surprenante capacité d’adaptation.
En s’attachant au parcours extraordinaire de ce personnage aux réactions tout à fait ordinaires, Arthur Penn compose un western hors norme qui dénonce, avec beaucoup d’humour et d’ironie, les aspects peu glorieux d’une page d’histoire largement mythifiée par le cinéma américain : celle du génocide indien par les Tuniques bleues. N’hésitant pas à souffler le chaud (le triple rapport charnel sous un tipi) puis le froid (le massacre d’une tribu entière) d’une scène à une autre, le cinéaste passe de l’humour à l’horreur sans jamais desservir son film ou amoindrir la portée de son propos. Bien au contraire, c’est même ce mélange des genres qui en fait sa force.
Tantôt considéré comme blanc, tantôt considéré comme indien, Jack Crabb (formidablement interprété par Dustin Hoffman) ne sait pas où est sa place, illustrant la difficulté de tout un chacun d’avoir un point de vue vraiment objectif sur les évènements du monde. Quant aux célébrités qu’il croise, elles n’ont rien de séduisantes, entre un Wild Bill Hickock que sa réputation a rendu paranoïaque et un Général Custer devenu fou et sanguinaire à force de chercher la gloire.
Seuls les indiens, semblent finalement trouver grâce auprès d’Arthur Penn. Les Cheyennes surtout, ces « êtres humains » à l’écoute des hommes et de la nature.
Une société harmonieuse sans doute idéalisée mais que l’interprétation malicieuse et sage du chef Dan George, dans le rôle du père adoptif de Crabb, parvient à rendre crédible et authentique.
Affiche récente du film Little Big ManDénonciation de l’impérialisme imbécile des blancs (à l’époque de sa sortie, le film critiquait indirectement l’implication des USA dans la guerre du Vietnam), Little Big Man est surtout le récit d’un parcours drôle et amer. Celui d’un Candide à la recherche d’une famille et condamné, malgré lui, à une longue vie de solitude.
Un grand western jubilatoire et un beau, mais triste, conte humaniste.