Affiche du film Lone Ranger
USA – 1933.
Au beau milieu d’une fête foraine, un vieil indien énigmatique conte à un jeune garçon les aventures délirantes et humoristiques du Lone Ranger et de son compagnon indien, l’espiègle Tonto.
Mal accueilli par le public et la critique aux États-Unis, Lone Ranger, Naissance d’un héros vaut beaucoup mieux que la fâcheuse réputation qui le précède.
Plus que l’adaptation d’un célèbre feuilleton – radiophonique puis télévisé – d’ailleurs inconnu en France, les aventures du Lone Ranger sont surtout prétexte à rendre un hommage amusé au western, sous influence italienne, et à certains classiques tels que Little Big Man d’Arthur Penn (on y retrouve le même ton décalé du récit fait par un vieil homme) ou La horde sauvage de Sam Peckinpah (le chant des bigots est identique au début des deux films). Même Hans Zimmer y va de son clin d’œil avec une partition reprenant des accords musicaux chers à Ennio Morricone.
Hommage amusé, la précision est importante car Gore Verbinski ne cherche pas à rivaliser avec ses glorieux aînés. Tout comme Pirates des caraïbes, son Lone Ranger est avant tout un spectacle qu’il maîtrise de bout en bout grâce à des scènes d’action ébouriffantes et fluides. Association rare dans un genre plombé depuis plusieurs années par des réalisateurs qui confondent mise en scène et caméra épileptique.
Gore Verbinski sait où placer son objectif et son film ne manque pas d’entrain et d’ampleur (à l’image de son final ferroviaire digne d’un dessin animé de Tex Avery, bel hommage au Mécano de la General de Buster Keaton et Clyde Bruckman), ni hélas de certaines longueurs tant on sent qu’il s’est fait plaisir à filmer ses chevauchées et ses poursuites dans des décors grandioses.
Mais la principale force du film réside dans son ton décalé et déconnant – qui tranche avec l’humour abrutissant en vigueur sur la plupart des superproductions actuelles – ainsi que dans la bonne alchimie de son duo d’acteurs. Si Armie Hammer apporte la fougue nécessaire à son rôle de justicier naïf et gaffeur, c’est surtout Johnny Depp qui réjouit la galerie en indien facétieux. Une prestation en demi-teinte qui contraste, tout en la rejoignant quand même un peu, avec celle qu’il donne du capitaine Jack Sparrow.
Alors d’où vient ce désaveu au box office américain ?
Les spectateurs gavés de divertissements sans finesse n’apprécieraient-ils plus la loufoquerie et la dérision ? Surtout quand elles égratignent la conquête de l’ouest et sa marche pour le « progrès » en donnant une image peu flatteuse de l’homme blanc ? Pour le coup, ce serait vraiment une mauvaise blague !

En parlant de blagues, il semble que Gore Verbinski ait trouvé le truc pour empêcher la fuite du public dès le début du générique de fin. Un humour fin qui risque, là aussi, de ne pas faire l’unanimité.

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