Affiche du film Au revoir là-haut
1919. Deux poilus rescapés des tranchés – l’un blessé au mental, l’autre au physique – décident de monter une vaste arnaque pour se venger de la société française incapable de les réinsérer.
Au revoir là-haut est certainement le film le plus abouti d’Albert Dupontel qui abandonne la comédie épileptique et déjantée qui a fait son succès pour le mélodrame inspiré.
Avec son étonnante reconstitution du Paris du début du 20ème siècle, sa spectaculaire bataille d’ouverture, ses amples mouvements de caméra et les belles envolées musicales de Christophe Julien, le cinéaste nous offre une étonnante fresque historique où se côtoient habilement le fait divers et la poésie grâce aux superbes masques (dont l’un est un hommage direct au Judex de Georges Franju) que se confectionne Edouard pour dissimuler sa gueule cassée.
Ce spectacle ambitieux offre un récit sans temps mort parsemé d’embardées burlesques au service d’un sujet plutôt sombre : comment se reconstruire et retrouver une vie « normale » après avoir été brisé, moralement et physiquement, pendant plusieurs années de guerre ?
Dommage que le cinéaste, emporté dans son tourbillon créatif, en oublie de creuser ses nombreuses sous-intrigues : la vengeance à l’encontre de l’infâme Pradelle (Laurent Lafitte parfait) et la fameuse arnaque ne sont pas assez développées. De même, les rapports entre les différents protagonistes sont traités de façon un peu trop superficielle et, hormis la petite fille, les rares personnages féminins sont carrément sous exploités, que ce soit la sœur d’Édouard ou la domestique des Péricourt.
Pas de quoi écorner, toutefois, le plaisir que l’on ressent devant Au-revoir là-haut, louable tentative pour redonner du souffle à un cinéma français de plus en plus souvent tenté par des films consensuels ou le médiocre le dispute à la démagogie.