Au 19ème siècle, un trappeur, attaqué par un ours, est laissé pour mort après avoir vu son fils se faire assassiner. Il décide de survivre, envers et contre tous, bien décidé à le venger.
On le pressentait avec Birdman et ses plans séquences m’as-tu-vu, Alejandro González Iñárritu aime se regarder filmer.
Il confirme cette impression avec The Revenant qui devient le chaînon manquant entre The Tree of Life de Terrence Malick et La passion du Christ de Mel Gibson. Mélange de jolis plans contemplatifs sur une nature sauvage et grandiose (que le cinéaste se plaît à filmer en contre-plongée, dès qu’il trouve une forêt ou un bosquet d’arbres, histoire de bien faire ressortir le caractère hautement sacré de dame nature) et de longues scènes sanguinolentes aussi excessives et complaisantes que l’étaient celles filmées par le père Mel durant sa fameuse crise de foi mystique et charcutière.
Ici aussi, on transperce, on éventre, on scalpe, on égorge, on éviscère et l’on étire la durée du film au-delà du raisonnable. 2h36 de calvaire pour le spectateur comme pour le pauvre trappeur qui se fait déchiqueter, enterrer vivant puis doit se traîner à plat ventre sur des kilomètres avant de tomber dans une rivière glacée et au fond d’un ravin. Une accumulation de péripéties aussi outrancière que ridicule qui cherche à compenser la pauvreté d’un scénario inspiré de faits réels, nous dit l’affiche en gage de qualité, tout en mettant en valeur la performance physique de Leonardi DiCaprio qui devait penser tous les matins à l’Oscar sans avoir besoin de se raser. L’acteur, qui passe plus de temps à grogner qu’à articuler correctement ses rares répliques, paye en effet de sa personne en mangeant du poisson et de la viande crue ou en vidant un cheval de ses entrailles pour aller s’y abriter.
Face à lui, seul Tom Hardy fait le poids en recyclant son personnage de bouseux doté d’un fort accent du sud qu’il avait élaboré dans Des hommes sans loi de John Hillcoat.
Faussement onirique mais lourdement explicite dans sa manière de montrer le contraste entre l’homme et la nature, The Revenant – qui ne redorera pas le blason des français aux USA – séduira à coup sûr les cinéphiles citadins en mal de nature et de spiritualité, ainsi que ceux qui avaient fait la fête à The Tree of Life ou à Into the Wild de Sean Penn.
Comme toujours, Marcorèle réussit à expliciter avec brio ces impressions qui nous tiraillent parfois au sortir d’un film qui nous a saisi mais qui laisse toutes sortes de goûts d’insatisfaction indicibles.
Pendant le générique de fin de The revenant, et dans les heures qui ont suivi, nous avons mis du temps à comprendre et mettre en mots tout ce que nous reprochions à ce film (à part son côté gore des beaux quartiers, qui est immédiatement écœurant, bien-sûr !).
L’analogie que propose Marcorèle avec The tree of Life est saisissante, et je la partage totalement sans y avoir pensé moi-même : sans le dire clairement, le film essaye de nous convaincre d’un truc qu’on ne partage pas du tout. Notre confort en est troublé et le malaise persiste, comme si l’on découvrait qu’un proche développait sournoisement devant nous une pensée qui nous choque.
Je m’etais demandé si ce qui fondait mon malaise était surtout la vacuité de ce long film : À quoi ça sert, cet objet cinématographique sans queue ni tête que j’ai subi deux heures et demi de temps de ma vie ? Pas de réponse !
L’analyse de Marcorèle est plus fine. Aussi, je le remercie d’avoir répondu à ma « préoccupation » avec cette clairvoyance et l’intelligence qu’on lui connaissait déjà.
Merci, Dr Marcorèle ! Je me sens mieux déjà d’avoir mis en ordre les pensées que je sentais trop confusément encore !
Pour ceux qui n’ont pas vu The revenant, mon message est clair et je le délivre à l’envi depuis que je suis sorti de la salle (mais je ne fais pas le poids face au martelage médiatique qui veut nous faire croire que ce serait un chef-d’oeuvre !) : n’y allez pas !
Il n’y a pas de raison que vous soyez plus emballé que nous ni le reste de la salle qui a surtout exprimé à la fîn du film son soulagement que ce soit enfin terminé et qu’on allait reprendre une vie normale, comme lorsque que le réveil vous délivre d’un rêve particulièrement lassant.
« Chiant », voilà un mot qui résume bien « The revenant »
Je crois que ceux qui affirment le contraire n’ont juste rien compris et veulent nous faire croire le contraire sans pouvoir l’expliquer, à grand renfort de superlatif aussi pompeux que non convainuants, par compassion pour le pauvre Léonardo qui a eu si froid en travaillant dehors …
Oui, le film met en scène des français, ou plus précisément des francophones. Et ils ont clairement le mauvais rôle, dans le film. Les salauds qui pendent le gentil indien avec un panneau christique « On est tous des sauvages » parlent français !
Soit, le réalisateur est Mexicain, alors on peut comprendre qu’il conserve une dent contre notre grand Pays qui n’a effectivement pas brillé par son respect pour le jeune Mexique au 19ème siècle. De là à tenter de nous mettre sur le dos le génocide indien !
Que comprendront les spectateurs étasuniens à cette allusion à la présence des francophones sur le vaste territoire que pourtant Dieu lui-même leur a donné tel quel pour fonder instantanément la plus grande civilisation de toute l’histoire de l’humanité ?
Pas grand chose, je suppose … Quoi ? Napoléon a vendu aux Etats Unis une « Louisiane » qui s’étendait alors du Canada au Mexique et doublait alors l’étendue des Etats Unis d’Amérique du Nord ? Quoi, ce sont les braves colons blancs qui ont éradiqué les millions de peaux rouges avec le soutien de l’armée ? Mais c’est de l’histoire ancienne tout ça ! Et puis y’avait pas d’état civil chez les indiens / Et puis l’ONU n’a jamais validé cette histoire / Et tout le monde sait que les indiens ne sont que des clodos avides de violence et d’alcool / Et puis le vrai Dieu est avec nous / Et puis c’est comme ça, pourquoi remuer le passé : on a gagné parce qu’on est les plus forts, les chiffres le prouvent.
L’histoire révisée est plus simple et THE REVENANT fera l’affaire ! Donc, ceux qui ont tué le gentil indien, ce sont des Français puisqu’on le voit dans le film !
De leur côté, les Quebequois, plus instruits, sont furieux qu’on dresse d’eux un portrait si peu flatteur dans THE REVENANT ! (que ce titre est absurde en français !)
Que les quelques téméraires qui iront quand-même voir LE REVENANT malgré les avertissements se rassurent : le film ne développe pas pour autant une dénonciation des méchants français contre le gentil étasunien trahi et courageux.
On peut même passer totalement à côté de la question, tellement accaparé à se tenir au siège en digérant les exercices de charcuterie sanguinolents. Le film ne met en scène que des brutes à peine plus civilisées que l’ours chirurgien qui secoue Léonardo en prenant soin de ne pas trop l’esquinter (au prix que ça coûte, un Léonardo, faut pas déconner, quand-même !).
De toute façon, aucun thème n’est clairement développé, alors même que Léonardo aurait eu tout le temps de penser dans sa tête au fil de son supplice, privé de compagnie comme de voix … Les pensées comme les paroles du trappeur se résument en grognements roques (combien de fois j’ai cru qu’une grosse bête allait surgir au coin de l’écran d’ailleurs, croyant que ces sons gutturaux ne pouvaient pas sortir de la gorge de Léonardo).
Bref, cette histoire ne raconte rien ; ce qui ne dispense pas ceux que ça intéresse d’aller creuser la question. Tenez, en voilà une idée : Au lieu d’aller voir LE REVENANT, on ne peut que conseiller de lire un peu l’histoire vraie des Français au Pays officiel de la Liberté (…oui, les U.S., le pays sans nom, bien-sûr !) et au Mexique, et de prendre conscience de quelques vérités sur les indiens d’Amérique, du Nord comme du Sud, ou du Centre …
Avec tout ça, vous verrez que vous n’avez pas le temps à perdre d’aller supporter LE REVENANT. Laissez le donc revenir tout seul !
A force de revenir, il finira bien par arriver !
Encore un petit mot : Certains prétendent que le film est tourné de manière réaliste. Et alors ! Est-ce une qualité pour une fiction d’être réaliste ? Le septième art n’a pas à être réaliste. La rue est réaliste. Le cinéma ou la télévision ne sont pas réalistes. Loft Story ou les Marseillais à Los Angeles ne sont pas réalistes, même si ce sont de vrais crétins qui sont filmés (en sont-ce vraiment, d’ailleurs ? Mystère !).
LE REVENANT est un film de fiction adapté d’un livre de fiction inspirée par le récit d’un vrai trappeur. LE REVENANT n’est donc pas une histoire vraie et elle a peut être tord d’être filmée de manière réaliste.
On commence décidément à y voir un peu plus clair dans cette sombre histoire …
Donald TRUMP like « THE REVENANT »
Dommage que tu n’aies pas aimé. Je suis sûre qu’il va gagner ce soir: http://marlasmovies.blogspot.fr/2016/01/the-revenant-avec-leonardo-di-caprio.html
Cela paraît évident… Les Oscars aiment les performances plus que la subtilité. 😉
Moi j’ai trouvé la fin subtile : une vision pas comme les autres de la vengeance…
Je me réjouissais de le voir en m’attendant un film superbe. Ça ne sera pas le cas visiblement 😦 mais j’irai tout de même le voir rien que pour la prestation de Léonardo DiCaprio qui ne me déçoit jamais.
Tu sais, on peut aussi ne pas être d’accord. Tous les mets sont dans la nature, les goûts aussi ! 🙂
Bravo ! Très bon comme chronique ! Je serai quand même moins vindicatif car DiCaprio est impressionnant, Hardy est géant, et certaines scènes sont magnifiques (cette attaque du grizzly m’a pris aux tripes), mais le résultat est sensiblement le même : étirer la durer à 2h36 c’est un calvaire ! Trop de flash-back inutiles, trop de prise de « conscience » lourdingue, et trop de péripéties répétitives. Trop Malickien pour moi quoi.
Hélas…
J’avoue que ce film ne me séduit pas du tout. Je passe mon tour.
Je ne t’en voudrai pas… 🙂
Et voilà, c’est fait :
– Meilleur acteur : Léonardo le trappeur !
Comme quoi, ça paye toujours, la persévérance !
– Meilleur réalisateur : Iñárritu – passons, mais ça fait deux fois de suite …
– Meilleure photographie : Emmanuel Lubezki, pour la troisième année consécutive …
Ils vont être contents, les autres …Surtout ceux qui ne sont même pas nominés. Car on voit quand-même peu de petits films primés, à Hollywood …
Bref, THE REVENANT ne fait pas la moisson d’Oscars qu’il escomptait et il divise profondément la critique (de ce côté de l’Atlantique, rassurez-vous …) et c’est tant mieux puisque ça nous donne l’occasion de partager nos avis et que c’est justement l’objet du blog de Marcorèle !
Léonardo en général je suis fan , je n’ai pas encore vu le film mais je pense y alleé bientôt ! belle journée
Tu me diras ?
J’aime pourtant beaucoup Leo, qui est pour moi un des meilleurs acteurs de sa génération, mais rien que l’évocation de la boucherie qu’est la Passion du Christ me donne envie de fuir ! 2h36 de surcroît… j’attendrai peut-être de le regarder sur petit écran pour ne pas regretter le prix de mon billet ! Merci Marcorèle 😉
C’est un plaisir…
« […] séduira à coup sûr les cinéphiles citadins en mal de nature et de spiritualité, ainsi que ceux qui avaient fait la fête à The Tree of Life ». Je n’ai qu’une seule question : ces gens existent-ils réellement ?
Être ou ne pas être… 🙂
XDD ! Ton commentaire m’a fait beaucoup rire ! Et oui je suis certaine qu’ils existent, quelque part dans la quatrième dimension…
J’attendais avec impatience ton avis, car justement, malgré les oscars et les éloges, mon entourage n’avait pas été emballé par ce film !
Je peux donc me vanter de faire aussi partie de ton entourage, alors ? 😉
Après l’avoir vu ce week-end, je suis d’accord avec ta critique. DiCaprio est tout de même exceptionnel mais le scénario manque de profondeur et la violence, omniprésente, perdure jusqu’à la fin du film.
Je ne suis pas du tout attirée.^^
Je ne ferai pas l’ours pour essayer de vous dissuader ! 🙂