Affiche du film Noé
Après la déferlante des contes de fée, prions mes frères pour qu’Hollywood ne nous noie pas sous un flot de récits bibliques submergés d’effets numériques plus ou moins miraculeux.
Première vague à venir s’échouer sur les grands écrans, le Noé de Darren Aronofsky prend l’eau de toute part.
Dès les premiers plans – nous contant les déboires d’Adam et Eve et d’Abel et Caïn – le film baigne dans une esthétique toc (digne des photos de couchers de soleil pour adolescentes en mal d’amour) laissant présager au spectateur qu’il est mal embarqué.
La suite de la traversée confirme les craintes. Aronofsky, cinéaste un peu surestimé et régulièrement tenté par une mise en scène tape à l’œil, tient bon la barre de ses choix kitsch, déjà à l’œuvre dans Black Swan et surtout dans le grotesque The Fountain.
Dans ce récit biblique, racontant la construction d’une arche pour sauver du déluge un couple de chaque espèce animale, le cinéaste dilue un peu de Mad Max (pour l’aspect apocalyptique) à un soupçon de Seigneur des anneaux (pour les affrontements entre humains et Veilleurs) avec un zeste de Shining (pour le coup de folie de Noé dans son arche).
Un très long brouet hésitant entre l’imagerie d’Épinal ampoulée (Ah, la silhouette de Noé et de sa femme se découpant sur un ciel couchant du plus bel effet !) et le bain de boue et de sang.
Saluons tout de même le choix de Darren Aronofsky de ne pas engloutir son film sous un déluge d’effets spéciaux quand arrive la fin du monde, préférant se concentrer sur les affres et les heurts du petit groupe d’humains survivants. Malheureusement pour lui, c’est là que ses comédiens choisissent de boire la tasse. Russell Crowe, Noé sans nuance, en fait des tonnes dans le regard psychopathe et les postures signifiantes mille fois vues ailleurs (Ah, le moment bateau où, s’adressant à Dieu, il tombe à genoux face à la mer, les bras forcément écartés, pour illustrer son désespoir ou celui, risible, où il se saoule la tête dans le sable). Solidaires de sa prestation, les autres acteurs finissent eux aussi par toucher le fond dans un agaçant flot de cris et de larmes.
A un tel niveau de ratage, ce Noé est un authentique naufrage.

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