This must be the place : Affiche
Croisement improbable entre Droopy et Robert Smith, le chanteur du groupe The Cure, Cheyenne est une ancienne star du rock qui vit de ses rentes et traîne son mal-être dans les rues de Dublin. De retour à New-York pour assister à l’enterrement de son père qu’il avait perdu de vue, Cheyenne entreprend un long voyage à travers les USA afin de clore une vengeance familiale.
Avec sa dégaine gothique et sa petite voix fluette, Sean Penn nous livre ici un numéro d’acteur dont il a le secret. Etonnant et fascinant, il est la raison d’être de ce film, véritable tremplin pour une nomination dans la catégorie meilleur acteur aux prochains Oscars.
Non content de lui donner une allure originale, Paolo Sorrentino a la bonne idée de truffer les répliques de sa vedette de réparties cinglantes qui contraste avec le côté neurasthénique du personnage.
Le duo, trop bref, que forme Sean Penn avec Frances McDormand – excellente, entre humour pince-sans-rire et émotion – et la magnifique photographie de Luca Bigazzi – qui met à profit le format cinémascope pour illustrer la solitude intérieure de Cheyenne – sont quelques unes des satisfactions d’un film, hélas, beaucoup trop long pour emporter l’adhésion complète du spectateur.
La faute à un scénario vraiment léger dont le réalisateur semble avoir fait le tour au bout de 30 minutes. Sans doute conscient de la faiblesse de son sujet, Paolo Sorrentino fait alors bifurquer le récit vers une sorte de road movie (tarte à la crème des scénaristes en mal d’inspiration) censé symboliser la quête d’identité du héros.
Malheureusement, cette quête un peu longuette passe par l’improbable traque d’un ancien bourreau nazi dont la résolution a de quoi laisser perplexe. Et que dire de l’épilogue qui illustre l’aboutissement de cette introspection par un décevant retour à la norme ?
Comme le dit si bien Cheyenne tout au long du film : « Quelque chose ne tourne pas rond. Je ne sais pas exactement quoi. Mais quelque chose… ».