Depuis le décès de ses parents, Enoch traine son mal de vivre, ses costumes sombres et ses cheveux en pétard d’enterrements en enterrements. C’est pendant l’une de ces cérémonies qu’il fait la connaissance d’Annabel, jeune fille en phase terminale d’un cancer, amoureuse de la vie sous toutes ses formes…
Après la parenthèse, Harvey Milk, Gus Van Sant revient à sa veine adolescente qu’il aborde cette fois sous l’angle d’une romance morbide ; les distractions de ses deux adolescents se résumant, entre autres, à des promenades dans les cimetières, la visite d’une morgue ou la théâtralisation d’une mort annoncée.
La mise en scène se traîne avec la même indolence que les personnages et – si elle rend bien compte de leur envie de remonter ou d’arrêter le temps – finit par provoquer un ennui pesant. Ennui que vient accentuer une photographie au rendu laiteux qui semble engluer tous les protagonistes de cette histoire somme toute assez sage. Peu de surprises dans ce récit couru d’avance qui n’hésite pas à flirter avec les poncifs : Les deux sœurs courage qui doivent faire face à la maladie et à leur mère alcoolique, la dispute et la rupture prévisible de nos deux tourtereaux, l’amour qui transforme et aide à vivre…
Toutes ces scènes vues et entendues mille fois ailleurs… En mieux.
Dans cet océan de vacuité, seules quelques séquences surnagent et retiennent l’attention : une nuit d’Halloween aux accents fantastiques ou les apparitions du fantôme d’un kamikaze japonais. Mais le réalisateur ne semble s’y intéresser que par intermittence, hésitant entre vision réaliste et envolée onirique.
Plombé par d’agaçantes ritournelles signées Danny Elfman, Restless n’est pas aussi agité et turbulent que son titre pouvait le laisser espérer.
Un film faussement léger qui ne tient pas ses promesses. Jusque dans sa conclusion qui prend soin de ne pas laisser la parole au personnage principal, peut-être par ce que Gus Van Sant n’avait finalement rien à nous dire ?