A première vue, le premier film de Jean-Pierre Darroussin se présente comme la chronique ordinaire d’un homme qui se retire peu à peu de l’agitation du monde – ou plutôt de son monde, celui bourgeois d’un avocat au barreau de Paris – pour retrouver une vie simple au milieu d’un quartier populaire. Lentement, Charles Benestau devient étranger à sa famille et à son entourage pour tenter de se retrouver lui-même.
Pressentiment d’une mort à venir ? Peut-être ! Mais à première vue seulement car, bien vite, le film pose d’autres questions, plus existentielles.
Peut-on vraiment changer de vie et se fondre dans la masse ?
La bonté a-t-elle encore une place dans nos sociétés égoïstes où l’on n’a rien pour rien ? Et dans un tel contexte, tout acte de générosité ne devient-il pas forcément suspect ?
Par petites touches, cette intuition s’insinue comme une possible évidence que le réalisateur – pas dupe – vient pourtant tempérer par la générosité d’une femme croisée dans un parc ou le sourire reconnaissant d’une adolescente de 13 ans.
Malgré une fin un peu trop ouverte, l’excellente interprétation et la justesse de ton du film emporte l’adhésion et la « lenteur » du récit, loin d’être un handicap, nous donne le temps de ressentir les questionnements de son anti-héros.
Plus qu’un beau film, Le Pressentiment est un film bon, dans le sens noble du terme. C’est trop rare pour ne pas être signalé !
Merci, Monsieur Darroussin.