Après 25 années passées en prison pour meurtre, un homme retourne à Marseille pour y faire la connaissance de sa petite fille Gloria qui vient de naître. Là-bas, il retrouve son ex-femme qui s’est remariée et sa fille qu’il n’a connu que brièvement. Tous tentent de survivre dans des situations professionnelles et familiales difficiles.
A l’image de la petite Gloria qui arrive dans un monde sans gloire et que l’on douche abondamment à la naissance, le spectateur sort rincé du nouveau Guédiguian qui oublie de faire dans la finesse dans le portrait qu’il dresse d’une famille recomposée en proie à la précarité.
Si les « anciens », qui croient toujours à l’entraide en dépit des épreuves de la vie, trouvent encore grâce auprès du cinéaste, la jeune génération de trentenaires en prend pour son grade : arriviste, égoïste, cynique, droguée et obsédée du cul au lit et en ligne.
A la finesse et à l’empathie d’un Ken Loach, le cinéaste préfère visiblement la caricature aigrie sans une once d’humour, dont on dit pourtant qu’elle est la politesse du désespoir. On hérite donc d’un scénario sans subtilité qui accumule artificiellement les malheurs (attention, perte d’emplois en cascade en l’espace de quelques jours) et de personnages qui passent leur temps à se faire entuber, voire à ent-Uber pour devenir « premiers de cordée ».
En dépit du prix de la meilleure interprétation féminine remis à Ariane Ascaride à la Mostra de Venise, seul Gérard Meylan tire vraiment son épingle du jeu. Mais comment lutter contre les indigents Haïkus qu’il doit débiter d’un air inspiré – et devant lesquels le public bienveillant est censé s’extasier – ainsi que contre le sort prévisible réservé à son personnage ?
Triste constat pour le dernier né du cinéaste marseillais que l’on a connu plus inspiré.
Bien vu
Oui, c’est souvent caricatural pour ce qui concerne la jeune génération, mais voilà, il y a à côté de belles scènes qui compensent cela et en font un beau film.
Mouais… Suis perplexe pour le coup. 😉
De mon côté, j’ai bien aimé ce film. Il y a peut-être un aspect caricatural mais pas mal de gens sont vraiment comme ça dans la réalité, donc pourquoi pas les montrer ?
Que des gens soient comme ça, certainement. Mais là, il est tombé sur un cheptel. 😉 Non, vraiment, la démonstration m’a semblé trop appuyé. Ça manque vraiment de finesse, surtout sur un sujet aussi sensible.
Je n’avais pas entendu parlé mais je ne suis pas sûre d’avoir envie de le voir ^^
Robert Guédiguian nous a rarement invité à une promenade joyeuse dans la société … Il renouvelle manifestement l’exercice. On s’y attend. Ceux qui iront savent d’avance qu’il faudra se ré-enthousiasmer après pour retrouver le sourire.
Oui, certaines vies sont difficiles, et on reproche suffisamment aux cinémas étrangers dominants de les cacher systématiquement. Robert Guédiguian semble s’y complaire ? J’en doute. Il les dénonce inlassablement pour que chacun ouvre sa porte et son coeur au lieu de les refermer comme beaucoup de forces l’y invitent dans un monde de plus en plus individualiste où les gens se détournent facilement de l’essentiel qui reste le rapport humain.
S’il est vrai que l’étalage des « malheurs (…) et de personnages qui passent leur temps à se faire entuber, voire à ent-Uber » peut être pesant, il n’en est pas moins un rappel utile, de mon point de vue.
Les Français misérables ont la « chance » d’être mieux protégés par l’Etat français que leurs semblables dans le monde, comme ceux effectivement décrits avec un autre talent par Ken Loach. (J’ai adoré Sorry, we missed you ).
La question n’est pas ici de devenir « premiers de cordée », car il est sans doute bien trop tard pour ceux qui sont décrits dans le film ; mais de rester accrochés à cette corde même si l’on n’est pas premiers, et tant que les premiers ne lâchent pas non-plus la corde de la solidarité et de la considération.
Bon, c’est pas grave, Marcorèle : on aura compris que ce n’était pas le bon jour pour vous pour aller voir GLORIA MUNDI ! 🙂
Mais faut pas pour autant dissuader les cinéphiles d’aller voir ce nouveau film d’un réalisateur dont le talent n’est plus à prouver depuis belle lurette !
Robert Guédiguian est un militant, et un militant se doit de forcer le trait ; quitte à insulter un peu les jeunes qu’il accable peut-être de toutes les légèretés anti-sociales, en espérant réveiller la conscience de quelques uns …
Et pourquoi pas, si ça marche ?
L’époque n’est plus à la « musique douce » : dans le brouhaha moderne, il faut que le message se voie en gros et rapidement, sinon, le jeune zape puisqu’il est convaicnu de pouvoir faire plusieurs choses à la fois ! Un message simple et rabâché atteindra plus sûrement sa cible de nos jours, qu’une allusion subtile et discrète …
Votez Robert Guédiguian, qui reste dans les premiers de cordée cinématographique !
Et votez Marcorèle, l’inventeur du concept ent-Uber ! 🙂
Et pourquoi un bon réalisateur ne pourrait-il pas se planter de temps à autre ? Personne n’est parfait, si ? 😉