D’une nuit au lendemain, un terne professeur d’université se met à hanter les rêves de millions de personnes en ne faisant rien. Phénomène médiatique et coqueluche des réseaux sociaux, Paul Matthews voit sa vie instantanément bouleversée par sa brusque notoriété pour le meilleur… et surtout pour le pire.

À l’heure où nombre de scénarios semblent s’échapper de la « mème » photocopieuse, il faut saluer ce Dream Scenario qui ose sortir des sentiers battus des idées connectées pour nous offrir une réflexion, autant déjantée que pertinente, sur le phénomène de la « starisation » de sombres inconnus via les réseaux sociaux. Avec cette idée bien barrée, où un homme rencontre la gloire en passant simplement dans vos rêves, on voit bien qui Kristoffer Borgli a dans son viseur : les vidéos un peu TokTok de ces influenceurs, sans don particulier, qui deviennent subitement incontournables et dont le quart d’heure de célébrité, évoqué par Andy Warhol, s’avère aussi creux que leurs prestations. Un rêve qui peut rapidement virer au cauchemar, voire au lynchage médiatique (jeu favori des réseaux sociauxpathes) comme le démontre, par l’absurde, cette fable qui n’a finalement rien d’un mirage.

Alors même si cette brillante démonstration finit un peu par s’essouffler, peinant à trouver la sortie de rêve, il faut, néanmoins, saluer son originalité ainsi que la performance – et le véritable talent – de Nicolas Cage. Après une longue traversée du déZert, l’acteur revient enfin en force et en grâce (Un talent en or massif, Renfied) avec une loufoquerie et un sens de l’autodérision jamais pris en défaut. Pourvu qu’il hante encore longtemps nos films les plus fous.