Dans les Cornouailles, en Angleterre, un compositeur et sa sœur pensent avoir fait une affaire après avoir acheté, pour un prix dérisoire, une magnifique demeure perchée sur une falaise qui domine la mer. Sauf que la belle maison cache un terrible secret et d’inquiétants fantômes…

Sans vraiment être un classique, La falaise mystérieuse pose ici les bases d’un genre à part entière : celui du film de fantômes « sérieux », dont il est l’une des pierres angulaires. Un cinéma d’épouvante qui, pour provoquer le frisson, préfère la suggestion à la démonstration.
Entre pleurs nocturnes et menaces tapis dans l’ombre, Lewis Allen démontre un certaine inventivité dans l’emploi du hors champ et un indéniable talent pour créer d’inquiétantes atmosphères gothiques après des scènes plus excentriques. Une volonté de nager entre deux eaux qui bénéficie autant qu’elle nuit au film. Car si les moments inquiétants se nourrissent des scènes plus légères qui les précèdent pour susciter la peur, le mélange de plusieurs genres (romance noire, drame psychanalytique, thriller, film à énigmes) finit par parasiter une intrigue qui, à trop vouloir changer de registre, s’étire inutilement jusqu’à son prévisible dénouement.

Pour sa défense, il faut dire que La falaise mystérieuse, qui lorgne par instant du côté du Rebecca d’Alfred Hitchcock, a été la source d’inspiration de nombres de films plus réussis que lui : de L’aventure de madame Muir de Mankiewicz à Sueurs froides d’Alfred Hitchcock, d’où cette impression de déjà-vu qui accompagne aujourd’hui son visionnage.
Alors, même si les mystérieux occupants de cette maison au bord de la falaise ne sont pas aussi angoissants qu’espéré et que le scénario semble parfois avancer à tâtons pour trouver sa voie, cette première incursion dans l’univers des maisons hantées mérite, par ses quelques fulgurances fantastiques et grâce au charme de ses comédiens, d’être redécouverte.