
De la rencontre de D’Artagnan avec Athos, Porthos et Aramis jusqu’à l’affaire des ferrets de la reine, l’aventure bien connue des Trois mousquetaires… Version Reader’s Digest.
C’est à une austère adaptation des Trois mousquetaires que nous convie Martin Bourboulon. Non pas que les paysages ne soient pas magnifiques et les décors fastueux : le film a bien été tourné en France et cela se voit à l’écran. Mais le rendu sombre et crasseux voulu par le cinéaste semble plus proche des westerns de Sergio Leone (les protagonistes du film ont tous troqué leurs célèbres casaques – bleus ou rouges – contre de longs manteaux) que du technicolor de la version avec Gene Kelly ou des images ensoleillées des Trois mousquetaires de Richard Lester. Un choix qui en vaudrait un autre si le cinéaste avait fait preuve d’un peu plus de panache et d’un peu moins d’esbroufe technique. En abusant des plans-séquences, Bourboulon sabote systématiquement les scènes d’action de son D’Artagnan.
Sur les cinq affrontements qui émaillent le film : le premier, de nuit, est si sombre et agité qu’un mousquetaire n’y retrouverait pas sa rapière, offrant peu de possibilités aux spectateurs de discerner qui sont les adversaires.
Le second qui se voudrait immersif, en étant au plus près des personnages, se révèle surtout illisible et brouillon dans l’enchaînement de ses différentes actions.
Les troisième et quatrième affrontements, centré sur la reine puis sur Athos, entérinent définitivement le piètre intérêt que porte Bourboulon a ses combats, tous filmés à la marge.
Quant à l’escarmouche finale, lors d’une cérémonie religieuse, elle porte l’estocade par sa mise en scène approximative et son montage confus.
Bien la peine, dans ces conditions, de faire prendre des cours d’escrime aux comédiens si l’on ne voit pas grand-chose de leurs exploits à l’écran.
Film de cape (enfin, de manteaux…) et beaucoup moins d’épées, le film peine aussi à emballer avec son intrigue qui ressemble à une version des Trois mousquetaires pour les nuls.
Sans doute dans un souci de livrer des mousquetaires en phase avec notre époque (Porthos devient bisexuel et les personnages féminins prennent plus d’importance : surtout Milady), le récit est simplifié et remodelé pour ne garder que ses grandes lignes directrices. Il perd, au passage, beaucoup de ses enjeux ainsi qu’un certain nombre de ses personnages.
Où sont les valets des mousquetaires ? (L’esclavage, c’est mal.)
Où est passé l’époux de Constance Bonacieux ? (Le cocufiage, c’est mal.)
Et surtout, où est Rochefort, l’âme damnée de Richelieu ? (Priorité aux dames ou deux méchants, c’est mal ?)
Tout n’est pas à étriller pour autant.
Les dialogues, plutôt enlevés, font mouche et l’ensemble de la distribution s’avère à la hauteur de cette ambitieuse production. Quant au casting qui donne vie à nos quatre mousquetaires, il est particulièrement bien choisi même si, à cause d’un récit très schématique, les rôles de Romain Duris (Aramis) et de Pio Marmaï (Porthos) soient vraiment réduits au strict nécessaire.

Souhaitons que pour la suite (Milady) prévue dans quelques mois, nos mousquetaires retrouvent un peu de couleurs et surtout du panache.
Même si Martin Bourboulon ne semble pas vraiment être l’homme de la situation, son long métrage a au moins le mérite de tenter de remettre les films historiques au goût du jour. Croisons les doigts, plutôt que le fer, pour que cette nouvelle version des Trois mousquetaires parvienne enfin à relancer le genre auprès du grand public.
Dommage, la distribution était bien alléchante… Merci pour ta critique affutée.
Rien ne t’empêche de tester le film, car la distribution est, en effet, parfaite. 😀
Je valide tout ce qui concerne les scènes d’action (seule celle de l’église à la fin sauve les meuble malgré, en effet, un découpage à la diable), mais je ne boude pas mon plaisir face à cette version cradingue des Mousquetaires, plus Corbucci que Leone selon moi, même si elle manque un peu de méchanceté. Peut-être la suite sera-t-elle plus impitoyable. En tout cas ce premier aperçu ne m’a pas découragé d’aller plus loin. C’est déjà ça de gagné.
J’irai également, l’espoir fait vivre. 😉
Dommage l’idée de revoir ce film me plaisait ☹️
Tu peux tenter, tu y prendras peut-être plus de plaisir que moi. 😉
Critique hautement avisée que je valide également entièrement 😀
Ne pas voir Bonacieux, Rochefort et les « valets » des mousquetaires, Planchet en tête c’est un comble.
Espérons que la deuxième partie (Milady) sera plus inspirée, Eva Green méritait un traitement autre de son personnage.
Des enseignements seront-ils pris pour la prochaine adaptation du « Comte de Monte Cristo » ? Attendre et espérer dirait-il 😁😇
Un plaisir que de te voir repasser par ici, Arwen. 😉
Je prends parfois le risque d’aller voir un film sans l’avis préalable de Marcorèle … Erreur !
Effectivement, le casting ne suffit pas à faire un bon film.
J’avoue néanmoins que je n’ai pas été déçu, vu que je ne fondais aucun espoir dans LES TROIS MOUSQUETAIRES : D’ARTAGNAN. Je m’attendais à un film grand public, et c’en est un : on n’ennuie pas le spectateur avec des dialogues ou des introspections. Il n’y a que de l’action !
Un film de cape et d’épée est annoncé. C’en est un, et même, très bien habillé, à part d’Artagnan, qu’on veut vraiment crasseux au début du film, sans raison particulière.
Un film d’action ? A coup sûr, ce n’est même que cela …
Et donc, les acteurs ? C’est peut-être à ce nivau que le film est le plus décevant, même si on apprécie de voir François Civil dans un emploi gesticulent, qu’il assure d’ailleurs sans difficultés. Mais, sous des accents de désinvolture ou d’aisance un peu dépassés, j’ai trouvé que les autres, les 3 mousquetaires, ne se foulent vraiment pas, une fois assuré leur cachet. On en vient à douter du travail de direction d’acteur, comme si personne n’avait pensé à s’occuper de ce détail…
Les anachronismes, bien sûr, surtout dans les dialogues, pourtant déjà pauvres, dont la modernité et la vacuité ordinaire laisse pantois …
Bref, un film parfaitement évitable, même si la camaraderie vent toujours, mais une version plus ancienne sera à coup sûr plus satisfaisante, même si elle aura coûté moins cher …
PS : Louis 13 est impeccable, c’est bien le seul !
Le film d’action n’est quand même pas à la hauteur des attentes… 🙂
Tout est dit, alors ? Qu’est-ce qu’il me reste, à moi ?
Un détail, qui n’en est pas du tout un : Anne d’Autriche, la reine que Dumas imagina dans son œuvre assez stupide pour confier par amour son royal collier de diamants à l’Anglais (imaginaire aussi), … donc la reine Anne d’Autriche, à qui Martin Bourboulon donne un accent allemand à couper au couteau, était … Espagnole !
Ben oui, quand on adapte un bouquin dans un film d’époque, il faut vérifier ce genre de petite chose ! Car il y a des gens que ça choque et que ça dérange tout le long du film …
C’est aussi curieux que si dans FAST AND FURIOUS, Vin Diesel s’exprimait soudain en alexandrins, alors que ses textes ne doivent pas dépasser l’hémistiche entre deux dérapages …